Localisation : Rivières des Outaouais
Thème : Les apports amérindiens
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1534-1760 - Les apports amérindiens
Capsule
A7
Du bon boulot avec du bouleau!

Peinture de Frances Anne Hopkins reconstituant les opérations entourant la réparation d’un canot. La gomme de pin, de sapin ou d’épinette, fondue à l’aide d’un tison, est étendue sur les fissures ou déchirures de l’enveloppe du canot pour les imperméabiliser.
Peinture de Frances Anne Hopkins reconstituant les opérations entourant la réparation d’un canot. La gomme de pin, de sapin ou d’épinette, fondue à l’aide d’un tison, est étendue sur les fissures ou déchirures de l’enveloppe du canot pour les imperméabiliser.
Canot du maître photographié en 1896 au poste de la compagnie de la baie d’Hudson, à Bear Island, sur le lac Temagami, dans le nord-est de l’Ontario. Les lignes de gomme noire cachent les joints des morceaux d’écorce de bouleau qui entrent dans la fabrication du canot.
Canot du maître photographié en 1896 au poste de la compagnie de la baie d’Hudson, à Bear Island, sur le lac Temagami, dans le nord-est de l’Ontario. Les lignes de gomme noire cachent les joints des morceaux d’écorce de bouleau qui entrent dans la fabrication du canot.
Illustration d’un « canot du maître », également connu sous l’appellation « canot de Montréal », « canot de la Grande Rivière », « canot de la rivière des Outaouais », « canot de charge » ou « canot de la compagnie de la baie d’Hudson ». Il mesure généralement de 32 à 36 pieds (12 mètres) de longueur et de 60 à 66 pouces (2 mètres) de largeur.
Illustration d’un « canot du maître », également connu sous l’appellation « canot de Montréal », « canot de la Grande Rivière », « canot de la rivière des Outaouais », « canot de charge » ou « canot de la compagnie de la baie d’Hudson ». Il mesure généralement de 32 à 36 pieds (12 mètres) de longueur et de 60 à 66 pouces (2 mètres) de largeur.
Illustration d’un « canot du maître » ou d’un « canot de Montréal » et d’une cargaison typique pesant environ trois tonnes. À ce poids s’ajoutent les provisions et les effets personnels d’un équipage de 7 à 12 hommes.
Illustration d’un « canot du maître » ou d’un « canot de Montréal » et d’une cargaison typique pesant environ trois tonnes. À ce poids s’ajoutent les provisions et les effets personnels d’un équipage de 7 à 12 hommes.
Coupe transversale d’un « canot du maître » réalisée par Courtney C. J. Bond.
Coupe transversale d’un « canot du maître » réalisée par Courtney C. J. Bond.
Illustration d’un « canot du maître » représentant probablement une simple excursion. Le voyageur de tête et deux des passagers ont revêtu leurs hauts-de-forme.
Illustration d’un « canot du maître » représentant probablement une simple excursion. Le voyageur de tête et deux des passagers ont revêtu leurs hauts-de-forme.
L’ossature du canot retenue par des piquets plantés en terre
L’ossature du canot retenue par des piquets plantés en terre
Détail de la proue. À noter, le ligotage de l’écorce au rebord (plat-bord) du canot avec le « watape ».
Détail de la proue. À noter, le ligotage de l’écorce au rebord (plat-bord) du canot avec le « watape ».
La proue du canot une fois terminée. À noter, les membrures de cèdre qui tapissent transversalement l’intérieur du canot. Elles sont posées sur le double-fond de planchettes longitudinales de cèdre qui reposent sur la coque d’écorce de bouleau.
La proue du canot une fois terminée. À noter, les membrures de cèdre qui tapissent transversalement l’intérieur du canot. Elles sont posées sur le double-fond de planchettes longitudinales de cèdre qui reposent sur la coque d’écorce de bouleau.
L’extérieur du canot une fois le travail terminé. À noter les joints et les coutures de l’écorce rendus étanches par la gomme et le goudron.
L’extérieur du canot une fois le travail terminé. À noter les joints et les coutures de l’écorce rendus étanches par la gomme et le goudron.

Le canot d’écorce est sans contredit l’une des plus belles réussites de l’ingéniosité et du génie amérindiens.  Ces derniers ont conçu et mis au point une embarcation extrêmement légère et maniable qui répondait à leurs besoins et aux exigences d’une navigation sur des rivières parsemées de rapides et de chutes innombrables. Le canot d’écorce, très léger, a l’avantage de pouvoir être porté le long des sentiers de portage devant être empruntés pour contourner ces obstacles.

C’est l’écorce du « bouleau blanc » ou « bouleau à papier », dont le nom scientifique en latin est Betula papyrifera, qui entre le plus souvent dans la fabrication des canots confectionnés par les Amérindiens. Il en va de même des « canots du maître » ou « canots de Montréal » utilisés par les anciens voyageurs à l’époque de la traite des fourrures. Les Autochtones se servaient également de l’écorce de cet arbre pour fabriquer des contenants servant à la cueillette de l’eau d’érable et pour la construction de « wigwams »1

Pour la construction de canots, il fallait prélever l’écorce en hiver ou au printemps. C’est à ce moment de l’année qu’elle est à son meilleur. Plus résistante, elle peut être détachée sans trop de difficultés de l’arbre. Idéalement, il faut des morceaux d’écorce de dix-huit pieds de long. Une fois détachée de l’arbre, l’écorce est roulée et attachée avec soin pour son transport. En attendant de s’en servir, il est primordial d’éviter que l’écorce ne se dessèche à l’air libre ou au soleil. Pour qu’elle demeure malléable, elle doit être gardée submergée sous l’eau2

En plus de l’écorce de bouleau, d’autres ingrédients sont indispensables pour la construction d’un canot. Il faut du bois franc ou du cèdre pour la charpente. Des planches de cèdre servent pour le revêtement du fond et pour les membrures de la quille, tandis que des planches de bouleau sont utilisées pour les pièces transversales du canot3  Du « watape » et de la « babiche » permettent d’attacher les pièces de bois de la charpente et de coudre l’écorce de bouleau, tandis que la gomme de pin, de sapin et d’épinette sert au calfatage ou au calfeutrage des coutures4

Le « watape » est une lanière fabriquée à partir des racines du pin gris, connu également sous le nom de pin « chétif » ou « des rochers ». Les racines de ce pin courent en surface du sol et sont très longues. Elles sont arrachées, fendues, nettoyées et bouillies pendant de longues heures afin de devenir souples. Elles servent de cordes pour unir avec solidité les pièces de bois de la charpente et pour coudre les morceaux d’écorce de bouleau. Il n’y a d’ailleurs que le « watape » qui soit utilisé pour cette opération5 Les lanières de « babiche », faites de lisières de cuir trempé, ne servent qu’à attacher plus solidement les pièces de bois de l’ossature du canot6

La construction du canot d’écorce de bouleau se fait en plusieurs étapes et nécessite plusieurs semaines de travail. À l’époque du commerce des fourrures, un bâtiment du poste de traite est réservé à ces tâches considérées comme essentielles. L’écorce est tout d’abord déroulée et aplatie sur le sol. Un cadre épousant la forme du canot est ensuite placé sur l’écorce pour définir la forme de la coque. Les rebords de l’écorce sont repliés et des piquets sont plantés tout autour pour la retenir dans cette position. Parfois, on dépose des pierres sur l’écorce pour la retenir en place. Les piquets facilitent l’installation et l’assemblage de la charpente. Les différentes pièces de bois qui composent l’ossature du canot sont passées à la vapeur ou trempées dans l’eau pour pouvoir leur donner la courbure voulue. Après, on procède au laçage des morceaux d’écorce et de cette dernière aux rebords du canot, de la proue (l’avant) à la poupe (l’arrière). Les joints et les coutures intérieurs du canot sont calfatés avec de la gomme avant de procéder au revêtement de l’intérieur avec des lanières de bois de cèdre. Des pièces de bois courbées (membrures) sont ensuite posées et tendues sur la largeur entre les rebords du canot. Des planchettes de bois de bouleau sont fixées aux mêmes plats-bords, à intervalles réguliers, donnant à l’ossature force et rigidité. Pour finir, toutes les coutures et les joints d’écorce extérieurs sont calfeutrés avec de la gomme ou du goudron pour assurer une parfaite étanchéité7 Le résultat de tout ce boulot avec de l’écorce de bouleau, c’est un beau canot!

Références et définitions

1 Kenneth G. Roberts et Philip Shackleton, The Canoe. A History of the Craft from Panama to the Arctic, Toronto, Macmillan of Canada, 1983, p. 156.

2 Ibid., p. 156. La technique de cueillette d’écorce peut varier. Ce qui importe, c’est de choisir un bouleau d’un diamètre de plus de 20 pouces, libre de branches sur une bonne partie de sa longueur et dont l’écorce n’a pas de défauts. Voir : Camil Guy, The Weymontaching Birchbark Canoe, Ottawa, National Museum of Man, 1974, (Anthropological Papers no 20), p. 17-18.

3 Camil Guy, op. cit., p. 17-19. Également : John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, dans Hurling Down the Pine, Chelsea, The Historical Society of the Gatineau, 1987, p. 62-63.

4 Plus tard, après l’arrivée des Européens en Amérique, on se sert également de goudron pour effectuer ce travail et pour réparer les canots qui sont endommagés pendant les voyages.

5 Camil Guy, op. cit., p. 18-19.

6 John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 62-63.

7 Camil Guy, op. cit., p. 22-36. Également : John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 62-63.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Bibliothèque et Archives Canada, no C-2772.
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins reconstituant les opérations entourant la réparation d’un canot. La gomme de pin, de sapin ou d’épinette, fondue à l’aide d’un tison, est étendue sur les fissures ou déchirures de l’enveloppe du canot pour les imperméabiliser.

PHOTO No 2
Source : Archives du Pacifique Canadien.
Légende : Canot du maître photographié en 1896 au poste de la compagnie de la baie d’Hudson, à Bear Island, sur le lac Temagami, dans le nord-est de l’Ontario. Les lignes de gomme noire cachent les joints des morceaux d’écorce de bouleau qui entrent dans la fabrication du canot.

PHOTO No 3
Source : Walter S. Avis (ed.), A Dictionary of Canadianisms on Historical Principles, Toronto, W.J. Gage Limited, 1967, p. 483.
Légende : Illustration d’un « canot du maître », également connu sous l’appellation « canot de Montréal », « canot de la Grande Rivière », « canot de la rivière des Outaouais », « canot de charge » ou « canot de la compagnie de la baie d’Hudson ». Il mesure généralement de 32 à 36 pieds (12 mètres) de longueur et de 60 à 66 pouces (2 mètres) de largeur.

PHOTO No 4
Source : Canadian Canoe Museum (Peterborough).
Légende : Illustration d’un « canot du maître » ou d’un « canot de Montréal » et d’une cargaison typique pesant environ trois tonnes. À ce poids s’ajoutent les provisions et les effets personnels d’un équipage de 7 à 12 hommes.

PHOTO No 5
Source : John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, dans Hurling Down the Pine, Chelsea, The Historical Society of the Gatineau, 1987, p. 62.
Légende : Coupe transversale d’un « canot du maître » réalisée par Courtney C. J. Bond.

PHOTO No 6
Source : C.W. Jefferys, The Picture Gallery of Canadian History, Toronto, The Ryerson Press, 1953, vol. 2, p. 216.
Légende : Illustration d’un « canot du maître » représentant probablement une simple excursion. Le voyageur de tête et deux des passagers ont revêtu leurs hauts-de-forme.

PHOTO No 7
Source : Camil Guy, The Weymontaching Birchbark Canoe, Ottawa, National Museum of Man, 1974, (Anthropological Papers no 20), p. 48.
Légende : L’ossature du canot retenue par des piquets plantés en terre

PHOTO No 8
Source : Camil Guy, The Weymontaching Birchbark Canoe, Ottawa, National Museum of Man, 1974, (Anthropological Papers no 20), p. 50.
Légende : Détail de la proue. À noter, le ligotage de l’écorce au rebord (plat-bord) du canot avec le « watape ».

PHOTO No 9
Source : Camil Guy, The Weymontaching Birchbark Canoe, Ottawa, National Museum of Man, 1974, (Anthropological Papers no 20), p. 55.
Légende : La proue du canot une fois terminée. À noter, les membrures de cèdre qui tapissent transversalement l’intérieur du canot. Elles sont posées sur le double-fond de planchettes longitudinales de cèdre qui reposent sur la coque d’écorce de bouleau.

PHOTO No 10
Source : Camil Guy, The Weymontaching Birchbark Canoe, Ottawa, National Museum of Man, 1974, (Anthropological Papers no 20), p. 55.
Légende : L’extérieur du canot une fois le travail terminé. À noter les joints et les coutures de l’écorce rendus étanches par la gomme et le goudron.