Localisation : Rivières des Outaouais
Thème : La route de l'Ouest
Année : 1867
Capsule(s) reliée(s) :

1534-1760 - La route de l'Ouest
Capsule
A8
L’Outaouais, une route de passage vers les Pays-d’en-Haut

Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canots dans la brume, lac Supérieur. L’artiste était la femme du secrétaire particulier de George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson.
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canots dans la brume, lac Supérieur. L’artiste était la femme du secrétaire particulier de George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson.
Extrait de la carte d’Eric Morse montrant les rivières et les lacs de la « Route de l’Ouest »
Extrait de la carte d’Eric Morse montrant les rivières et les lacs de la « Route de l’Ouest »
Vieux trappeur fumant sa pipe en argile, la préférée des voyageurs, vers 1866
Vieux trappeur fumant sa pipe en argile, la préférée des voyageurs, vers 1866
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Voyageurs à l’aurore, vers 1871
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Voyageurs à l’aurore, vers 1871
Aquarelle de Basil Hall montrant trois voyageurs qui ont participé à un voyage d’exploration vers 1819
Aquarelle de Basil Hall montrant trois voyageurs qui ont participé à un voyage d’exploration vers 1819
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canot armé de voyageurs longeant une cascade, 1869
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canot armé de voyageurs longeant une cascade, 1869
Dessin de William Henry Bartlett décrivant l’arrivée et le déchargement d’un canot au pied d’une chute.
Dessin de William Henry Bartlett décrivant l’arrivée et le déchargement d’un canot au pied d’une chute.
Peinture de William Armstrong faite en 1873. C’est la fin d’une longue journée et la fin d’un portage. Les ballots de marchandises sont empilés, et on prépare le repas du soir. Le canot incliné est vraisemblablement un « Canot de Maître », tandis que celui porté par deux hommes est probablement un « Canot du Nord ».
Peinture de William Armstrong faite en 1873. C’est la fin d’une longue journée et la fin d’un portage. Les ballots de marchandises sont empilés, et on prépare le repas du soir. Le canot incliné est vraisemblablement un « Canot de Maître », tandis que celui porté par deux hommes est probablement un « Canot du Nord ».
Peinture d’Arthur Heming reconstituant un des rares moments de repos vécu par un équipage de voyageurs. L’indispensable accompagnement d’une halte, la « pipée » : chacun des hommes allumait sa pipe d’argile afin de déguster une bonne bouffée de tabac. Ces arrêts étaient si réguliers que la durée d’un trajet était mesurée en nombre de « pipes »! Toile peinte vers 1900.
Peinture d’Arthur Heming reconstituant un des rares moments de repos vécu par un équipage de voyageurs. L’indispensable accompagnement d’une halte, la « pipée » : chacun des hommes allumait sa pipe d’argile afin de déguster une bonne bouffée de tabac. Ces arrêts étaient si réguliers que la durée d’un trajet était mesurée en nombre de « pipes »! Toile peinte vers 1900.

En 1615, Étienne Brûlé est le premier à ouvrir la voie aux « coureurs des bois » en empruntant la rivière des Outaouais. Il peut ainsi atteindre le lac Supérieur, situé dans l’actuel Ontario. C’est en suivant cette route, en naviguant sur les rivières des Outaouais et Mattawa, en traversant le lac Nipissing et la rivière aux Français, que les coureurs des bois entrent au cœur de la Huronie pour y établir le commerce des fourrures (plan). Ce périple permet de prendre le chemin le plus court à partir de Montréal, un raccourci de plus de 350 kilomètres! Ils évitent ainsi la route du Saint-Laurent et les dangereuses vagues des Grands Lacs1.

À l’origine, l’expression « coureur des bois » désigne celui qui, « au mépris des règlements », se rend dans les « Pays-d’en-Haut » pour faire le trafic des fourrures avec les Amérindiens2. Plus tard, vers 1680, apparaît l’expression « voyageurs ». Cette appellation est revendiquée par « les anciens coureurs de bois qui ont mérité la confiance des marchands de fourrure et mettent à leur service leur expérience et leurs bonnes relations avec les indigènes de l’intérieur3 ». À partir des années 1680, ce qui n’est qu’aventure devient profession.

À l’époque de la Nouvelle-France, la vie d’un voyageur n’est pas de tout repos. Selon un Jésuite, les voyages sont « pour des personnes qui ne s’embarrassent point de faire cinq ou six cents lieues en canot, l’aviron à la main, de vivre pendant une année ou dix-huit mois de blé d’inde et de graisse d’ours, et de coucher sous des cabanes d’écorces ou de branches4 ». La liste des épreuves auxquelles il doit faire face est interminable : « deux ballots totalisant presque 200 livres, supportés par une sangle tendue autour de la tête, qu’il faut transborder dans les portages et porter des journées entières quand les rivières sont à sec; les moustiques qui empoisonnent littéralement les plus habitués, en mai et juin; le danger toujours présent des noyades et des blessures lorsque le canot chavire dans les rapides5… » (image) À ces dangers s’ajoutent les blessures subies dans les sentiers de portage6, dont les ruptures d’hernies causées par les efforts démesurés que ces derniers s’imposent7. Les voyageurs sont fiers de la force, de l’habileté et de l’endurance dont ils font preuve au cours de ces difficiles voyages. Levés à la barre du jour, ils font halte brièvement pour déjeuner vers huit heures, après avoir pagayé près de trois heures, et ne cessent d’avironner que vers huit heures du soir (image). Ils dorment sous leurs canots renversés sur le côté et s’occupent de leurs propres repas.

Il existe plusieurs perceptions du « voyageur ». Il y a la vision romantique, celle selon laquelle ce dernier est auréolé comme l’un des héros de notre passé. Certains historiens en font un être épris de liberté qui, tout en travaillant dur, le fait toujours avec un sourire aux lèvres. Pour eux, le voyageur est un homme alerte et puissant qui chante tout en avironnant et qui parcourt les contrées inexplorées de l’Amérique du Nord. D’autres, comme le marchand de fourrure Daniel William Harmon, s’attardent à ses défauts. Pour eux, c’est un beau parleur et un menteur, obéissant mais déloyal, enjôleur, poli et flatteur, rarement reconnaissant, à qui il arrive parfois d’être généreux.

Les voyageurs, pour leur part, sont fiers de leur mode de vie particulièrement influencé par les traditions autochtones (image). Loin des curés, ils ne se soucient guère des choses de Dieu; leurs « conversations tournent autour des chevaux, des chiens, des canots, des femmes et des prouesses et des combats des hommes forts8 ». Ce modèle se perpétuera tout autant chez les bûcherons que chez les draveurs du dix-neuvième et du vingtième siècles, dans la région de l’Outaouais. Ce sont les nouveaux « voyageurs »!  Téméraires et aventuriers, ils prennent la relève des voyageurs de l’époque de la traite des fourrures.

Allez plus loin sur le web!
Consultez la carte de l’itinéraire d’Étienne Brûlé sur le site du Musée virtuel de la Nouvelle-France :
Site Web

Lisez la biographie d’Étienne Brûlé dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne :
Site Web

Regardez les peintures de Frances Anne Hopkins et apprenez en plus sur les autochtones, les coureurs des bois et leur voyage en canot d’écorce :
Site Web

Références et définitions

1 Louis Taché et al., Le Nord de l’Outaouais. Manuel-répertoire d’histoire et de géographie régionales, Ottawa, Le Droit, p. 110.

2 Louise Dechêne, Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle, Paris et Montréal, Plon, 1974, p. 174.

3 Ibid., p. 179.

4 Ibid., p. 226. Cité par Louise Dechêne.

5 Ibid., p. 227.

6 Un sentier de portage est un chemin permettant de relier deux sections de rivière séparées par une chute d’eau rendant la navigation impraticable.

7 Robert C. Wheeler, A Toast to the Fur Trade. A Pictorial Essay on Its Material Culture, St. Paul, Wheeler Productions, 1985, p. 24. Voir également : Eric W. Morse, Fur Trade Canoe Routes of Canada, Then and Now, Ottawa, The Queen’s Printer, 1968. Également : Kenneth G. Roberts et Philip Shackleton, The Canoe. A History of the Craft from Panama to the Arctic, Toronto, MacMillan of Canada, 1983, p. 167-222.

8 Daniel William Harmon, tel que cité dans Robert C. Wheeler, A Toast to the Fur Trade…, p. 24.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : 
Francis Ann Hopkins, Canoes in a Fog, Lake Superior, 1869, 1869, oil on canvas, Collection of Glenbow, Calgary, Canada, 55.8.1
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canots dans la brume, lac Supérieur. L’artiste était la femme du secrétaire particulier de George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

PHOTO No 2
Source : Eric W. Morse, Fur Trade Canoe Routes of Canada, Then and Now, Ottawa, The Queen’s Printer, 1968.
Légende : Extrait de la carte d’Eric Morse montrant les rivières et les lacs de la « Route de l’Ouest »

PHOTO No 3
Source : Archives du Pacifique Canadien.
Légende : Vieux trappeur fumant sa pipe en argile, la préférée des voyageurs, vers 1866

PHOTO No 4
Source : Bibliothèque et Archives Canada, No C-2773.
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Voyageurs à l’aurore, vers 1871

PHOTO No 5
Source :
Royal Ontario Museum.
Légende : Aquarelle de Basil Hall montrant trois voyageurs qui ont participé à un voyage d’exploration vers 1819

PHOTO No 6
Source : Bibliothèque et Archives Canada, No C-2771.
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Canot armé de voyageurs longeant une cascade, 1869

PHOTO No 7
Source : Glenbow Archives.
Légende : Dessin de William Henry Bartlett décrivant l’arrivée et le déchargement d’un canot au pied d’une chute.

PHOTO No 8
Source : Bibliothèque et Archives Canada, No C-19041.
Légende : Peinture de William Armstrong faite en 1873. C’est la fin d’une longue journée et la fin d’un portage. Les ballots de marchandises sont empilés, et on prépare le repas du soir. Le canot incliné est vraisemblablement un « Canot de Maître », tandis que celui porté par deux hommes est probablement un « Canot du Nord ».

PHOTO No 9
Source : Royal Ontario Museum.
Légende : Peinture d’Arthur Heming reconstituant un des rares moments de repos vécu par un équipage de voyageurs. L’indispensable accompagnement d’une halte, la « pipée » : chacun des hommes allumait sa pipe d’argile afin de déguster une bonne bouffée de tabac. Ces arrêts étaient si réguliers que la durée d’un trajet était mesurée en nombre de « pipes »! Toile peinte vers 1900.