Localisation : lac aux Allumettes
Thème : Grandeur et déclin du commerce des fourrures
Année : vers 1870
Capsule(s) reliée(s) :

1760-1867 - Grandeur et déclin du commerce des fourrures
Capsule
B1
La traite des fourrures

Le magasin général de James McCool & Co. et les anciens bâtiments du poste du lac aux Allumettes (Fort William) de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les bâtiments qui ont survécu font partie intégrante du site classé monument historique par le gouvernement du Québec en 1981.
Le magasin général de James McCool & Co. et les anciens bâtiments du poste du lac aux Allumettes (Fort William) de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les bâtiments qui ont survécu font partie intégrante du site classé monument historique par le gouvernement du Québec en 1981.
Peinture de Frances Anne Hopkins montrant un canot de maître qui saute des rapides, toile peinte en juillet 1863
Peinture de Frances Anne Hopkins montrant un canot de maître qui saute des rapides, toile peinte en juillet 1863
Reconstitution historique de Français trafiquant avec des Amérindiens au dix-septième siècle
Reconstitution historique de Français trafiquant avec des Amérindiens au dix-septième siècle
Les fourrures étaient comprimées dans une presse pour donner des ballots de 90 livres (40 kg). Ils prenaient ainsi moins d’espace dans les canots. Chaque voyageur devait porter simultanément deux de ces ballots dans un sentier de portage.
Les fourrures étaient comprimées dans une presse pour donner des ballots de 90 livres (40 kg). Ils prenaient ainsi moins d’espace dans les canots. Chaque voyageur devait porter simultanément deux de ces ballots dans un sentier de portage.
Reconstitution d’une scène dans laquelle deux Amérindiens, lors de la chasse, défoncent une hutte de castors
Reconstitution d’une scène dans laquelle deux Amérindiens, lors de la chasse, défoncent une hutte de castors
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Remontant les rapides, toile peinte vers 1891. La scène reconstitue le procédé par lequel on remonte les rapides à l’aide de perches et d’une cordelle.
Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Remontant les rapides, toile peinte vers 1891. La scène reconstitue le procédé par lequel on remonte les rapides à l’aide de perches et d’une cordelle.
Dessin de l’artiste H.A. Ogden reconstituant, vers 1870, l’activité fébrile au cœur de la vie d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les ballots de fourrures et les marchandises y sont échangés.
Dessin de l’artiste H.A. Ogden reconstituant, vers 1870, l’activité fébrile au cœur de la vie d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les ballots de fourrures et les marchandises y sont échangés.

Le commerce des fourrures domine les échanges commerciaux avec l’Europe, des débuts de la Nouvelle-France jusqu’à l’aube du dix-neuvième siècle. Les coureurs des bois, les interprètes et les commerçants s’enfoncent à l’intérieur du continent, sur les traces des explorateurs, des missionnaires et des militaires, pour participer à ce commerce. Le castor surtout, qui est en grande demande pour ses qualités de feutrage, rapporte beaucoup. On se le dispute de plus en plus. Des guerres fratricides opposent même les nations amérindiennes à ce sujet.

Les marchands de fourrures de Montréal s’opposent au peuplement de la région de l’Outaouais et, pendant toute la période de la Nouvelle-France, la région est fermée à toute colonisation. Les seigneuries de la Petite-Nation et de la Pointe-à-l’Orignal sur la rive ontarienne, concédées sous le Régime français, restent inoccupées jusqu’en 1798. L’Outaouais n’est alors qu’un lieu de passage pour les explorateurs, les missionnaires et surtout les commerçants de fourrures1.

Au lendemain de la Conquête, en 1761, on constate la présence de plusieurs forts ou postes de traite des, délaissés par les Français. On note un fort laissé à l’abandon à l’embouchure de la rivière Petite-Nation, un poste de traite avec palissade et potager, vraisemblablement le poste de la Barrière, situé près de l’actuel Rockland, et un peu plus loin, un autre poste abandonné à l’embouchure de la rivière du Lièvre. Plus haut sur l’Outaouais, on rapporte l’existence d’un poste au pied de la chute des Chats, d’un deuxième, dont la localisation n’est pas précise2, et d’un autre à l’embouchure de la rivière Dumoine3.

Après la Conquête, deux grandes compagnies s’intéressant à la traite des fourrures, celle de la Baie d’Hudson et celle du Nord-Ouest. Elles vont se livrer une lutte implacable pour contrôler le commerce des fourrures. Comme dans les films de cowboys, des fusillades éclateront et des hommes seront tués. Toutefois, cette rivalité ne pouvait durer indéfiniment. Les pertes financières subies par les deux belligérants les amènent à conclure la paix. En 1821, les deux compagnies se fusionnent et conservent le nom de Compagnie de la Baie d’Hudson. Une partie de la main-d’œuvre, qui devient donc excédentaire, s’établit le long de l’Outaouais, au service des petits commerçants de fourrures, les « Indépendants4 », qui refusent de reconnaître le monopole de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Chaque printemps, les rives et les sentiers de portage de l’Outaouais s’animent au son des chants traditionnels des voyageurs et des employés des postes de traite. Ceux-ci se rendent jusqu’au « Grand Portage » avec des cargaisons de provisions et de marchandises. À l’automne, ils repartent vers Montréal, leurs canots chargés de fourrures5. (Image)

Aujourd’hui, le seul poste de traite dont il reste des vestiges d’importance est celui du lac aux Allumettes, rebaptisé « Fort William » en mémoire de William McGillivray, directeur de la Compagnie du Nord-Ouest de 1804 à 18216. Érigé sur ce site en 1828 par John McLean, au nom de la Compagnie de la Baie d’Hudson, il joua un rôle important dans la traite des fourrures jusqu’aux environs de 1860. En 1981, ce site exceptionnel du canton de Sheen, situé à environ 150 kilomètres au nord-ouest de Gatineau, est classé site historique par le ministère des Affaires culturelles du Québec.

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Sur le lac Supérieur, en Ontario. Ça n’a rien à voir avec notre « Vieux Fort William ».

Références et définitions

1 Pour une brève synthèse de la traite des fourrures, voir : Christian Roy, Le patrimoine archéologique des postes de traite du Québec, Direction du patrimoine et de la muséologie du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, juin 2009, p. 3-13.

2 Alexander Henry, Travels and Adventures in Canada and the Indian Territories Between the Years 1760 and 1776, J. Bain ed., Toronto, George N. Morang & Co., 1901, p. 25. Retenus sur l’île du Grand-Calumet à cause des réparations à effectuer sur les canots, ils quittent l’île le 13 juillet et s’arrêtent, le 14, à un poste de traite entouré d’une palissade. Henry décrit ensuite les deux petits portages des Allumettes au-dessus desquels se trouve la rivière Creuse. Si ce fort avait été situé è l’embouchure d’une rivière comme la Coulonge, Alexander Henry l’aurait précisé comme il l’a fait pour les autres. Qui sait, ce poste était peut-être sur l’emplacement de celui qu’érigea le Sieur de Coulonge à l’hiver de 1694-1695 « près de l’île des Allumettes, entre la Bonnechère et la rivière Creuse »?  Voir : Alexis de Barbezieux, Histoire de la Province ecclésiastique d’Ottawa et de la colonisation dans la vallée de l’Ottawa, Ottawa, Cie d’Imprimerie d’Ottawa, 1897, vol. 1, p. 403.

3 Norman Anick, The Fur Trade in Eastern Canada until 1870, vol. 1, p. 34.

4 Christian Roy, op. cit., p. 6-8.

5 Les ouvrages suivants documentent admirablement la traite des fourrures dans la vallée de l’Outaouais.  Courtney C.J. Bond, The Ottawa Country, Ottawa, Queen’s Printer, 1968, p. 17 et Clyde C. Kennedy, The Upper Ottawa Valley, p. 85-105. En 1793, il n’y a plus aucun poste de traite en activité en aval des chutes de la Chaudière. Le premier poste en amont de cet endroit se trouve alors à la pointe Mondion, au pied de la chute des Chats. Voir : Norman Anick, The Fur Trade in Eastern Canada until 1870, Parcs Canada, Manuscript Report no 207, vol. 1, Ottawa, 1976, p. 139; voir aussi Ernest Voorhis, Historic Forts and Trading Posts…, Ottawa, Dept. of the Interior, 1930ainsi que C. C. J. Bond, « The Hudson’s Bay in the Ottawa Valley », dans The Beaver, printemps 1966, p. 4-21.

6 Pierre Louis Lapointe, « Old Fort William (Quebec) », dans APT Bulletin, vol. 8, no 1, 1976, p. 43-60.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Collection Pierre Louis Lapointe.
Légende : Le magasin général de James McCool & Co. et les anciens bâtiments du poste du lac aux Allumettes (Fort William) de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les bâtiments qui ont survécu font partie intégrante du site classé monument historique par le gouvernement du Québec en 1981.

PHOTO No 2
Source : Bibliothèque et Archives Canada.
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins montrant un canot de maître qui saute des rapides, toile peinte en juillet 1863

PHOTO No 3
Source : C.W. Jefferys, The Picture Gallery of Canadian History, Toronto, The Ryerson Press, 1955, vol. 1, p. 87.
Légende : Reconstitution historique de Français trafiquant avec des Amérindiens au dix-septième siècle

PHOTO No 4
Source : Bibliothèque et Archives Canada.
Légende : Les fourrures étaient comprimées dans une presse pour donner des ballots de 90 livres (40 kg). Ils prenaient ainsi moins d’espace dans les canots. Chaque voyageur devait porter simultanément deux de ces ballots dans un sentier de portage.

PHOTO No 5
Source : C.W. Jefferys, The Picture Gallery of Canadian History, Toronto, The Ryerson Press, 1955, vol. 2, p. 141.
Légende : Reconstitution d’une scène dans laquelle deux Amérindiens, lors de la chasse, défoncent une hutte de castors

PHOTO No 6
Source : Royal Ontario Museum.
Légende : Peinture de Frances Anne Hopkins intitulée Remontant les rapides, toile peinte vers 1891. La scène reconstitue le procédé par lequel on remonte les rapides à l’aide de perches et d’une cordelle.

PHOTO No 7
Source : Royal Ontario Museum.
Légende : Dessin de l’artiste H.A. Ogden reconstituant, vers 1870, l’activité fébrile au cœur de la vie d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les ballots de fourrures et les marchandises y sont échangés.