Localisation : Masson
Thème : L'essor de l'Outaouais
Année : 1894
Capsule(s) reliée(s) :

1760-1867 - L'essor de l'Outaouais
Capsule
B11
Le traité de réciprocité

L’ancienne cour à bois de la compagnie MacLaren à Masson, vers 1894. En arrière-plan, l’église Notre-Dame-des-Neiges de Masson, incendiée le 10 mai 1902.
L’ancienne cour à bois de la compagnie MacLaren à Masson, vers 1894. En arrière-plan, l’église Notre-Dame-des-Neiges de Masson, incendiée le 10 mai 1902.
Sérigraphie représentant les deux rives des chutes de la Chaudière vers 1875. Tous les espaces libres qui entourent les scieries sont occupés par des empilements de planches et de madriers.
Sérigraphie représentant les deux rives des chutes de la Chaudière vers 1875. Tous les espaces libres qui entourent les scieries sont occupés par des empilements de planches et de madriers.
Plan du chenal navigable reliant New York à la région de Montréal. En plus de la voie du Richelieu et du lac Champlain, il y a celle qui relie Oswego sur le lac Ontario à Waterford sur la rivière Hudson.
Plan du chenal navigable reliant New York à la région de Montréal. En plus de la voie du Richelieu et du lac Champlain, il y a celle qui relie Oswego sur le lac Ontario à Waterford sur la rivière Hudson.
Chariots et travailleurs à la scierie E.B. Eddy, vers 1873
Chariots et travailleurs à la scierie E.B. Eddy, vers 1873
Vue en plongée des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1885. En arrière-plan, les empilements de planches et loin derrière, à travers le brouillard, la silhouette des édifices de la colline parlementaire.
Vue en plongée des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1885. En arrière-plan, les empilements de planches et loin derrière, à travers le brouillard, la silhouette des édifices de la colline parlementaire.
Fardier chargé de caisses d’allumettes devant être transbordées dans un wagon identifié au chemin de fer Pennsylvania Lines. C’est un indice sûr de sa destination : les États-Unis.
Fardier chargé de caisses d’allumettes devant être transbordées dans un wagon identifié au chemin de fer Pennsylvania Lines. C’est un indice sûr de sa destination : les États-Unis.
Prise de vue aérienne de la scierie de la compagnie Gilmour et Hughson à l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, à l’extrémité est de l’actuel parc Jacques-Cartier, à Gatineau, vers 1925
Prise de vue aérienne de la scierie de la compagnie Gilmour et Hughson à l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, à l’extrémité est de l’actuel parc Jacques-Cartier, à Gatineau, vers 1925

Le commerce du bois avec la Grande-Bretagne diminue à partir des années 1850. Le Canada, cependant, voit l’apparition d’un deuxième grand marché pour sa production forestière. En effet, le traité de Réciprocité, signé en 1854, entre en vigueur en février de 1855, ouvrant aux producteurs du Canada et de la vallée de l’Outaouais surtout, un énorme débouché qui prend la relève du marché britannique.1 Le bois de sciage remplace graduellement le bois «carré» et domine dorénavant la production canadienne. Ce développement accélère considérablement l’industrialisation en donnant naissance aux grandes scieries de la vallée de l’Outaouais et de celles des Chutes Chaudières surtout. Et, puisque ces dernières exigent une main-d’œuvre très importante, elles favorisent la croissance des localités de la vallée de l’Outaouais dont le développement s’accroche à l’industrie forestière. C’est ce qui déclenche la croissance accélérée de Hull, d’Ottawa et de localités comme Pembroke, Renfrew, Fort-Coulonge, Buckingham, Rockland et Hawkesbury.

Le traité de Réciprocité, comme toute bonne chose, ne dure pas éternellement cependant; il cesse d’être en vigueur en 1864. D’autres lois, pour la plupart américaines, vont prendre la relève de ce traité, bloquant ou facilitant l’accès au marché des États-Unis. Cette politique et cette législation tarifaire expliquent d’ailleurs la plupart des changements subséquents dans l’industrie du bois du Canada. C’est d’ailleurs une chose qui vient perturber la vie économique du Canada et du Québec même de nos jours.

L’impact des tarifs américain est déterminant. Fort élevés avant 1892 et rétablis avec le « Dingley Tariff », de 1897, ces « douanes » encouragent l’exportation de billots ou de grumes à l’état brut aux États-Unis et découragent la vente de produits manufacturés sur le marché américain2.Une telle politique est désavantageuse pour l’industrie canadienne, puisque la matière première s’envole vers les États-Unis sans qu’il n’y ait de retombées importantes pour les travailleurs du Canada. L’impact du tarif Dingley est brutal : les exportations canadiennes de bois de sciage, qui s’élèvent à 883 270 000 pieds4, une baisse de 60% dans les exportations.

La province d’Ontario réagit la première contre cet état de chose, et ce, dès 1898, en prohibant toute exportation de pin brut à l’extérieur de ses frontières6. La province de Québec, plus gentille, n’intervient qu’en 1903, en se contentant de mesures incitatives. Elle réduit les droits qu’elle exige sur le bois de pâte de 25 cents la corde s’il est transformé au Québec tout en augmentant de 65 cents la corde les droits exigés pour le bois exporté à l’état brut7. C’est ce qui amène la construction d’une usine de pâte mécanique à Buckingham en 1901-1902. La compagnie James MacLaren, informée de cette mesure, se prépare à tirer avantage de cette nouvelle loi québécoise. Ce n’est qu’en 1910 cependant que le Québec fait comme l’Ontario en défendant toute exportation de bois à l’état brut coupé sur les terres publiques8. La rapidité avec laquelle la province d’Ontario agit dans ce dossier s’explique en partie par sa position géographique. Elle y est obligée par le fait que des millions de billes sont flottées jusqu’aux moulins américains, situés au sud des Grands Lacs.

Les lois adoptées par l’Ontario, le Québec et d’autres provinces canadiennes provoquent un changement d’attitude chez les Américains. En 1913, ils adoptent le « Tarif Underwood », ce qui fait disparaître toutes les douanes américaines qui touchent à l’importation de pâte mécanique et de papier-journal. Cette loi tarifaire signale l’expansion rapide de l’industrie canadienne des pâtes et papiers9. La capacité des anciennes usines est augmentée et de nouvelles sont construites ou projetées. De nouvelles compagnies sont incorporées, des barrages et des centrales hydro-électriques sont érigées et de vastes papeteries voient le jour en Outaouais, à la fin des années 1920 surtout.

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Références et définitions

1 Sandra J. Gillis, The Timber Trade in the Ottawa Valley, 1806-1854, Ottawa, Parks Canada, Manuscript Report No 153, pages 60-64.

2 Paul-Émile Lachance, Canadian-American Wood Trade, thèse de maîtrise, Université Yale, pages 14-15.  Voir aussi : David Lee, Forest Products Industries in the Ottawa Valley, 1850-1925, Ottawa, Historic Sites and Monuments Board of Canada, 1985, p. 38.

3  P.m.p.= pieds mesure planche.

4 Paul-Émile Lachance, Op. cit., pages 14 et 16.

5 Paul-Émile Lachance, Op. cit., page 17.

6 Paul-Émile Lachance, Op. cit., page 19.

7 Ibid., page 21.  Aussi : David Lee, Op. cit., pages 38-39.

8 Paul-Émile Lachance, Op. cit., page 21.

9  Ibid, pages 22-23.  Aussi: David Lee, Op. cit., page 40.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Centre d’archives de l’Outaouais, P117. Photographe : William James Topley.
Légende : L’ancienne cour à bois de la compagnie MacLaren à Masson, vers 1894. En arrière-plan, l’église Notre-Dame-des-Neiges de Masson, incendiée le 10 mai 1902.

PHOTO No 2
Source : Bibliothèque et Archives Canada. Division des cartes et plans.
Légende : Sérigraphie représentant les deux rives des chutes de la Chaudière vers 1875. Tous les espaces libres qui entourent les scieries sont occupés par des empilements de planches et de madriers.

PHOTO No 3
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Dossier « The Richelieu Waterway », 15 septembre 1972.
Légende : Plan du chenal navigable reliant New York à la région de Montréal. En plus de la voie du Richelieu et du lac Champlain, il y a celle qui relie Oswego sur le lac Ontario à Waterford sur la rivière Hudson.

PHOTO No 4
Source : Bibliothèque et Archives Canada, C 49883.
Légende : Chariots et travailleurs à la scierie E.B. Eddy, vers 1873

PHOTO No 5
Source : Bibliothèque et Archives Canada, PA-27214.
Légende : Vue en plongée des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1885. En arrière-plan, les empilements de planches et loin derrière, à travers le brouillard, la silhouette des édifices de la colline parlementaire.

PHOTO No 6
Source : Musée canadien des Civilisations, no 73-424.
Légende : Fardier chargé de caisses d’allumettes devant être transbordées dans un wagon identifié au chemin de fer Pennsylvania Lines. C’est un indice sûr de sa destination : les États-Unis.

PHOTO No 7
Source : Bibliothèque et Archives Canada, Division des cartes et plans. Photographie aérienne, 1925.
Légende : Prise de vue aérienne de la scierie de la compagnie Gilmour et Hughson à l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, à l’extrémité est de l’actuel parc Jacques-Cartier, à Gatineau, vers 1925