Localisation : Rapides du Long-Sault
Thème : L’époque du bois équarri
Année : 1806
Capsule(s) reliée(s) :

1760-1867 - L’époque du bois équarri
Capsule
B4
Les Wright et le commerce du bois équarri en Outaouais

Reconstitution de la descente du premier radeau de bois équarri de l’Outaouais en 1806. Il s’agit de celui de Philémon Wright, assemblé à l’embouchure de la rivière Gatineau et baptisé « Columbo » par ce dernier.
Reconstitution de la descente du premier radeau de bois équarri de l’Outaouais en 1806. Il s’agit de celui de Philémon Wright, assemblé à l’embouchure de la rivière Gatineau et baptisé « Columbo » par ce dernier.
Philémon Wright, Américain originaire de Woburn près de Boston. Il crée la première colonie agricole de l’Outaouais dans le canton de Hull, en 1800, et fonde le village de Wrightstown, qui est à l’origine de la « Cité de Hull » (1875.)
Philémon Wright, Américain originaire de Woburn près de Boston. Il crée la première colonie agricole de l’Outaouais dans le canton de Hull, en 1800, et fonde le village de Wrightstown, qui est à l’origine de la « Cité de Hull » (1875.)
Le village de Wrightstown en 1823. Le hameau comprend alors une église, une scierie, un moulin à farine (au centre) et un hôtel de trois étages (à droite).
Le village de Wrightstown en 1823. Le hameau comprend alors une église, une scierie, un moulin à farine (au centre) et un hôtel de trois étages (à droite).
Vue des radeaux amarrés dans les anses de Sillery et de Québec et des navires en attente de chargement de bois équarri pour leur retour en Grande-Bretagne
Vue des radeaux amarrés dans les anses de Sillery et de Québec et des navires en attente de chargement de bois équarri pour leur retour en Grande-Bretagne
Représentation d’une glissoire érigée par Ruggles Wright sur la rive québécoise des chutes des Chaudières, vers 1829. Ruggles Wright, fils de Philémon Wright, est à l’origine de cette innovation technologique fort importante pour l’industrie forestière de l’Outaouais.
Représentation d’une glissoire érigée par Ruggles Wright sur la rive québécoise des chutes des Chaudières, vers 1829. Ruggles Wright, fils de Philémon Wright, est à l’origine de cette innovation technologique fort importante pour l’industrie forestière de l’Outaouais.
À la gauche de l’image se trouvent l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, la route reliant Hull à Aylmer ainsi que la rue Principale du village de Hull. L’artiste y dessine la glissoire de Ruggles Wright et les cages qui s’approchent de l’entrée de la glissoire.
À la gauche de l’image se trouvent l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, la route reliant Hull à Aylmer ainsi que la rue Principale du village de Hull. L’artiste y dessine la glissoire de Ruggles Wright et les cages qui s’approchent de l’entrée de la glissoire.
Dessin de W.H. Bartlett intitulé Timber Slide and Bridge on the Ottawa. C’est peut-être là une représentation romantique de la glissoire de Ruggles Wright…
Dessin de W.H. Bartlett intitulé Timber Slide and Bridge on the Ottawa. C’est peut-être là une représentation romantique de la glissoire de Ruggles Wright…
Cette illustration représente la glissoire et la chute du Grand Calumet vers 1880.
Cette illustration représente la glissoire et la chute du Grand Calumet vers 1880.
Remorquage d’un train de bois équarri sur le Saint-Laurent, vers 1880. Un bateau à vapeur remplace les voiles anciennement hissées pour faire avancer plus rapidement les grands radeaux sur des plans d’eau trop paisibles.
Remorquage d’un train de bois équarri sur le Saint-Laurent, vers 1880. Un bateau à vapeur remplace les voiles anciennement hissées pour faire avancer plus rapidement les grands radeaux sur des plans d’eau trop paisibles.
Plan du canton de Hull dressé par l’arpenteur Theodore Davis en 1801. Il est annoté, et plusieurs des noms des premiers concessionnaires y sont inscrits. Le code des couleurs distingue les lots réservés au clergé protestant (en gris) de ceux réservés à la Couronne (en rouge). Notons cependant que ce canton, concédé au chef de canton Philémon Wright, a une superficie exceptionnelle.
Plan du canton de Hull dressé par l’arpenteur Theodore Davis en 1801. Il est annoté, et plusieurs des noms des premiers concessionnaires y sont inscrits. Le code des couleurs distingue les lots réservés au clergé protestant (en gris) de ceux réservés à la Couronne (en rouge). Notons cependant que ce canton, concédé au chef de canton Philémon Wright, a une superficie exceptionnelle.

L’industrie forestière du Québec et du Canada est née à la suite des difficultés d’approvisionnement en bois que connaît la Grande-Bretagne à partir de 1802. Dans un contexte de guerre entre la France et l’Angleterre, les chantiers navals britanniques manquent de bois pour la réparation des navires de la flotte. Et puisque la puissance britannique est intimement liée à sa domination des mers, la marine anglaise se tourne vers le Canada pour son approvisionnement.1 En 1804, la Grande-Bretagne impose un premier tarif, une taxe sur les bois importés des pays scandinaves, de la Prusse et de la Russie. C’est la naissance de la « préférence coloniale2 ». L’objectif de cette taxe est d’augmenter le prix du bois des pays situés autour de la mer Baltique, modifier les habitudes commerciales des marchands britanniques et de permettre au bois canadien de devenir concurrentiel sur le marché britannique.  C’est l’acte de naissance de l’économie forestière canadienne. En 1807, lorsque l’empereur Napoléon décrète un Blocus continental et défend aux pays d’Europe de commercer avec la Grande-Bretagne, les choses s’accélèrent et de nouveaux tarifs sont mis en place. Les entreprises britanniques qui financent des firmes canadiennes et qui importent du bois du Canada s’activent et prennent une position dominante sur le marché britannique. Malgré la guerre de 1812-1814 et l’effondrement du Blocus continental, le commerce du bois avec l’Angleterre s’intensifie. Les politiques protectionnistes, qui en sont la cause, restent en vigueur jusqu’au milieu des années 1840, continuant de favoriser la croissance de l’industrie du bois au Canada, au Québec et en Outaouais3.

C’est dans ce contexte que Philémon Wright (image) et ses hommes assemblent un premier grand radeau de bois équarri en partance de l’embouchure de la rivière Gatineau, le 11 juin 1806. Cette décision de Wright est motivée par des besoins financiers. Il dispose d’environ 20 000 $ lorsqu’il s’établit dans le canton de Hull en 1800. Son capital de départ étant presque épuisé, il lui faut un produit d’exportation qui lui permette de faire vivre sa jeune colonie agricole. L’industrie du bois de l’Outaouais, qui prend alors son envol, sera la bouée de sauvetage financière de Wright.

Baptisé « Columbo » par son propriétaire, ce premier radeau de Wright se compose de 700 pièces de bois équarri de pin et de chêne, de 900 planches et madriers ainsi que d’autres produits forestiers. Sur celui-ci, Wright et quatre de ses hommes entreprennent la fameuse descente vers Québec. Les difficultés sont nombreuses sur l’Outaouais et le Saint-Laurent. Ils mettent 25 jours pour descendre les seuls rapides du Long-Sault, la distance qui sépare Hawkesbury de Carillon. En cours de route, Wright commence à vendre les planches et les madriers empilés sur le radeau. Toutefois, il lui faut attendre jusqu’à la fin du mois de novembre pour vendre le radeau, alors qu’il est arrivé à Québec le 12 août 18064 (image). Cette expérience est néanmoins un franc succès! Elle suscite d’ailleurs l’apparition d’imitateurs tout le long de l’Outaouais et de ses affluents. Des entrepreneurs forestiers suivent l’exemple de Wright et investissent dans l’assemblage de radeaux de bois équarri et la construction de scieries productrices de madriers destinés au marché anglais (image). C’est ce qui se produit aussi à Hawkesbury, à Buckingham, dans la Petite-Nation (North Nation Mills) et partout ailleurs.

Allez plus loin sur le web!
Lisez la biographie de Philemon Wright sur le site du Dictionnaire biographique du Canada :
Site Web

Références et définitions

1  Sandra J. Gillis, The Timber Trade in the Ottawa Valley, 1806-1854, Ottawa, Parks Canada, Manuscript Report No 153, page 5.

2 Ibid., p. 6.

3 Ibid., p. 9-10.

4 Ibid., p. 65-70.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source :  C.W. Jefferys, The Picture Gallery of Canadian History, Toronto, The Ryerson Press, vol. 2, p. 103.
Légende : Reconstitution de la descente du premier radeau de bois équarri de l’Outaouais en 1806. Il s’agit de celui de Philémon Wright, assemblé à l’embouchure de la rivière Gatineau et baptisé « Columbo » par ce dernier.

PHOTO No 2
Source : Bibliothèque et Archives Canada, C-11056.
Légende : Philémon Wright, Américain originaire de Woburn près de Boston. Il crée la première colonie agricole de l’Outaouais dans le canton de Hull, en 1800, et fonde le village de Wrightstown, qui est à l’origine de la « Cité de Hull » (1875.)

PHOTO No 3
Source : Peinture de Henry du Vernet, 1823. Bibliothèque et Archives Canada, C-608.
Légende : Le village de Wrightstown en 1823. Le hameau comprend alors une église, une scierie, un moulin à farine (au centre) et un hôtel de trois étages (à droite).

PHOTO No 4
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 256.
Légende : Vue des radeaux amarrés dans les anses de Sillery et de Québec et des navires en attente de chargement de bois équarri pour leur retour en Grande-Bretagne

PHOTO No 5
Source : Charles P. DeVolpi, Ottawa. A Pictorial Record. Recueil iconographique. 1807-1882, Montréal, Dev-Sco Publications, 1964, planche no 30, p. 30. Dessin de W.S. Hunter publié en 1855 dans Hunter’s Ottawa Scenery, Boston, 1855 et intitulé « Timber Slide on Hull Side – Ottawa City, Canada ».
Légende : Représentation d’une glissoire érigée par Ruggles Wright sur la rive québécoise des chutes des Chaudières, vers 1829. Ruggles Wright, fils de Philémon Wright, est à l’origine de cette innovation technologique fort importante pour l’industrie forestière de l’Outaouais. S’inspirant d’un modèle scandinave, il conçoit une glissoire capable de faire descendre une cage entière au bas des chutes des Chaudières. Il s’agit d’un canal d’un kilomètre environ dont le tracé emprunte un passage taillé dans l’isthme de calcaire de la presqu’île qui longe les chutes des Chaudières. Ces travaux d’excavation dans la pointe rocheuse qui relie alors la presqu’île à l’île de Hull sont à l’origine de l’île Philémon, une île artificielle créée par la main de l’homme.

PHOTO No 6
Source : Extrait de la gravure de Stent et Laver de 1877.
Légende : À la gauche de l’image se trouvent l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, la route reliant Hull à Aylmer ainsi que la rue Principale du village de Hull. L’artiste y dessine la glissoire de Ruggles Wright et les cages qui s’approchent de l’entrée de la glissoire. À la droite se trouve la Grande Chaudière, dans les bouillons de laquelle il y a toujours un risque d’être entraîné. En haut de l’image se profile la crique de la rivière des Outaouais qui s’avance jusqu’au pied de l’intersection du chemin menant au pont Union. C’est cette longue échancrure rocheuse qui était empruntée par les anciens voyageurs au printemps et à l’automne.

PHOTO No 7
Source : Charles P. DeVolpi, Ottawa. A Pictorial Record. Recueil iconographique. 1807-1882, Montréal, Dev-Sco Publications, 1964, planche no 16, p. 16. Dessin de W.H. Bartlett publié à l’origine dans N.P. Willis, Canadian Scenery Illustrated, London, 1842.
Légende : Dessin de W.H. Bartlett intitulé Timber Slide and Bridge on the Ottawa. C’est peut-être là une représentation romantique de la glissoire de Ruggles Wright…

PHOTO No 8
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 230.
Légende : Cette illustration représente la glissoire et la chute du Grand Calumet vers 1880.

PHOTO No 9
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 194.
Légende : Remorquage d’un train de bois équarri sur le Saint-Laurent, vers 1880. Un bateau à vapeur remplace les voiles anciennement hissées pour faire avancer plus rapidement les grands radeaux sur des plans d’eau trop paisibles.

PHOTO No 10
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Centre d’archives de Québec, E21, S555, SS1, SSS1, PH_17.
Légende : Plan du canton de Hull dressé par l’arpenteur Theodore Davis en 1801. Il est annoté, et plusieurs des noms des premiers concessionnaires y sont inscrits. Le code des couleurs distingue les lots réservés au clergé protestant (en gris) de ceux réservés à la Couronne (en rouge). Notons cependant que ce canton, concédé au chef de canton Philémon Wright, a une superficie exceptionnelle. Il comprend quatre rangs additionnels, les rangs 13, 14, 15 et 16, ajoutés au nord du canton. Lorsque Wright meurt en 1839, sa famille et lui sont propriétaires d’un territoire de 15 000 hectares en Outaouais.