Localisation : Lac Travers, Pontiac
Thème : L’époque du bois équarri
Année : vers 1900
Capsule(s) reliée(s) :

1760-1867 - L’époque du bois équarri
Capsule
B5
La cambuse

Cambuse typique qui existe jusqu’au début du 20e siècle. Celle-ci, située au lac Travers, dans le secteur de la rivière Noire, est fort bien décrite par Charles MacNamara. Voir : Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 199.
Cambuse typique qui existe jusqu’au début du 20e siècle. Celle-ci, située au lac Travers, dans le secteur de la rivière Noire, est fort bien décrite par Charles MacNamara. Voir : Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 199.
Foyer central de la cambuse qui sert de cuisine. Une crémaillère pivotante permet de déplacer les lourds chaudrons au-dessus du feu, tandis que le sable brûlant et les tisons recouvrent des chaudrons de fonte dans lesquels cuisent lentement les fèves au lard, la viande, les cipailles et les tartes.
Foyer central de la cambuse qui sert de cuisine. Une crémaillère pivotante permet de déplacer les lourds chaudrons au-dessus du feu, tandis que le sable brûlant et les tisons recouvrent des chaudrons de fonte dans lesquels cuisent lentement les fèves au lard, la viande, les cipailles et les tartes.
Illustration de l’intérieur typique d’une cambuse avec son foyer central et sa rangée de lits superposés
Illustration de l’intérieur typique d’une cambuse avec son foyer central et sa rangée de lits superposés
Portrait idéalisé du cuisinier d’une cambuse vers 1870
Portrait idéalisé du cuisinier d’une cambuse vers 1870
Le bâtiment de cette cambuse est en deux sections, ce qui le distingue du modèle le plus répandu en raison de sa cheminée décentrée. L’illustration est riche de renseignements sur ce mode de vie : un traîneau qui arrive au chantier, des raquettes de marche, des cordes à linge, une meule pour aiguiser les haches, un homme qui fend du bois de chauffage, etc.
Le bâtiment de cette cambuse est en deux sections, ce qui le distingue du modèle le plus répandu en raison de sa cheminée décentrée. L’illustration est riche de renseignements sur ce mode de vie : un traîneau qui arrive au chantier, des raquettes de marche, des cordes à linge, une meule pour aiguiser les haches, un homme qui fend du bois de chauffage, etc.
Portrait idéalisé d’un vétéran du travail en forêt à l’époque du bois « carré », vers 1870
Portrait idéalisé d’un vétéran du travail en forêt à l’époque du bois « carré », vers 1870
Illustration représentant l’arrivée à la cambuse d’un traîneau rempli de ravitaillements
Illustration représentant l’arrivée à la cambuse d’un traîneau rempli de ravitaillements
Célébration d’une messe à la cambuse, vers 1880
Célébration d’une messe à la cambuse, vers 1880
Par son manque d’ameublement, ses lits superposés et la meule pour affûter les haches installée au centre de la pièce, ce camp rappelle les anciennes cambuses. La présence d’un poêle pour chauffer l’intérieur du chantier et pour cuire la nourriture et d’un plancher fait de planches le rattache, par contre, aux campements du 20e siècle.
Par son manque d’ameublement, ses lits superposés et la meule pour affûter les haches installée au centre de la pièce, ce camp rappelle les anciennes cambuses. La présence d’un poêle pour chauffer l’intérieur du chantier et pour cuire la nourriture et d’un plancher fait de planches le rattache, par contre, aux campements du 20e siècle.
Il s’agit d’un train de bois amarré sur le fleuve Saint-Laurent. En avant-plan se trouvent un canot et la cage sur laquelle est installée la cuisine flottante ou « cambuse ».
Il s’agit d’un train de bois amarré sur le fleuve Saint-Laurent. En avant-plan se trouvent un canot et la cage sur laquelle est installée la cuisine flottante ou « cambuse ».

Le mot « cambuse » vient de l’expression hollandaise « kaban huis ». Il s’agit d’un : « endroit sur un navire où l’on entrepose la nourriture et où on en fait la cuisson1 ». Les camps de la période du bois équarri sont désignés de la même manière, tout comme  la cabane qui sert de cuisine sur les radeaux qui transportent le bois équarri de l’Outaouais jusqu’à Québec (image). On donne le nom de « cambuse » au camp forestier parce qu’on y trouve un très grand foyer à ciel ouvert situé en plein centre du bâtiment (image). La fumée du brasier s’échappe à travers une grande ouverture pratiquée dans le toit, au-dessus du foyer.

La plupart des descriptions des chantiers de la période du bois carré, fort nombreuses, sont axées sur la cambuse. Elles font même oublier l’existence de plusieurs bâtiments tout aussi essentiels au fonctionnement du chantier de cette époque. Entre autres, un bureau jumelé avec un magasin, « la vanne », qui sert de quartier général et de dortoir pour le contremaître du chantier, son commis, le mesureur et les visiteurs de passage. C’est là, dans la vanne, que sont entreposés les bottes, les vêtements, le tabac et les quelques remèdes que les bûcherons peuvent se procurer, le plus souvent à crédit. Il s’y trouve également des étables et des écuries dont la surface des planchers en billots est généralement taillée à l’herminette, une sorte de hache à tranchant recourbé servant à aplanir les billots. Les camps forestiers accueillent aussi un entrepôt, un caveau à légumes, une forge pour ferrer les chevaux et pour fabriquer ou réparer les patins des traîneaux, de même qu’une remise pour entreposer les traîneaux pendant la belle saison2]. Au centre du chantier trône la cambuse, le bâtiment qui sert de dortoir, de réfectoire et de lieu de rassemblement et de loisir pour les bûcherons. Toujours faite de bois rond, souvent avec des coins en queue d’aronde, elle n’a jamais de fondation vue son caractère provisoire. Ses dimensions varient selon l’importance du chantier et le nombre de bûcherons. La hauteur libre qui sépare le plancher du plafond est presque toujours de sept pieds, cela pour mieux conserver la chaleur. C’est la même préoccupation qui explique le peu d’ouvertures pratiquées dans les murs. Seulement une porte et quelques fenêtres laissent entrer la lumière du jour. L’ameublement est fabriqué sur place avec deux éléments : les arbres de la forêt environnante et l’ingéniosité des bûcherons3.

Bien qu’elle s’apparente aux autres descriptions des cambuses, la plus synthétique est sans contredit celle du père Joseph-Étienne Guinard, un missionnaire oblat de la Haute-Gatineau4.

« Construites en bois rond et calfeutrées de mousse ou d’herbe, bousillées en glaise, elles se distinguaient par le toit fait de deux rangées d’auges reposant sur les murs de côté et sur deux grosses poutres. Les auges de la rangée supérieure étaient à l’envers et elles s’emboîtaient exactement dans celles de la rangée inférieure. Ce toit ne dégouttait jamais. Les pentures et les clenches de la porte étaient en bois5… De longs bancs équarris entouraient le foyer. Derrière ces bancs, on retrouvait les lits; il serait plus juste de parler de grabats, recouverts de matelas de foin. À côté de chacun des lits, une planche reposant sur des chevilles servait de petite table à tout mettre : pipe, tabac, vêtements et mitaines6. »

Une description moins littéraire vient confirmer celle du père Guinard. Il s’agit du journal de Philippe Lacoste. En montant au chantier de Jack Ryan sur la Coulonge, à l’automne de 1900, il s’arrête pour dîner au camp de Laviolette, « un camp à cambuse ». C’était « le premier et le seul » du genre qu’il ait vu, dit-il. Ses souvenirs débordent d’ailleurs largement au sujet de la nourriture qui lui est servie par le cuisinier du lieu.

« … c’était un grand camp carré; la cambuse au milieu était un carré d’à peu près dix pieds carrés rempli de sable sur lequel on faisait le feu et au-dessus une cheminée en bois de 6 pieds carrés pour la fumée. On m’a dit que quand il ventait ils se faisaient enfumer comme des jambons. La cuisine était à même le camp; le cuisinier faisait cuire les aliments sur le feu. Le pain et les fèves au lard… [étaient cuits]… dans des chaudrons qu’il enterrait dans du sable brûlant et pour le lard et autres bouillis il y avait une grande marmite suspendue à une crémaillère que l’on tournait au-dessus du feu. Le pain et les fèves au lard étaient très bons d’ailleurs; on n’avait que cela pour dîner. Les lits étaient de chaque côté et le cuisinier avait son coin7. »

Cette description de la nourriture de chantier est corroborée par de nombreux auteurs. Ces aliments dominent en effet la cuisine des chantiers de la période du bois carré, de celle du bois de sciage et même de celle des pâtes et papiers, et ce, jusqu’au lendemain de la Grande Dépression.

Références et définitions

1  John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, Hurling Down the Pine, Chelsea, The Historical Society of the Gatineau, 1987, p. 83 et Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 25.

2 John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 83.

3  Claire-Andrée Fortin, op. cit., p. 87.

4 Serge Bouchard (Éd.), père Joseph-Étienne Guinard, o.m.i., op. cit., p. 89-90; Christina Speer, The Ottawa Valley: The Camboose Shanty, [Ottawa], History Division, National Museum of Man, Summer 1982, 143 p.; John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 83-84; Sandra J. Gillis, The Timber Trade in the Ottawa Valley, 1806-1854, Ottawa, Parks Canada, Manuscript Report no 153 et Donald MacKay, op. cit., p. 25-26 et 199-200.

5 Serge Bouchard (Éd.), père Joseph-Étienne Guinard, o.m.i., op. cit., p. 89-90.

6 Ibid., p. 90. Cette description rejoint celle que nous trouvons dans John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 84.

7 BAnQ-CAO, P20, 1979-03-001 / 1, Mémoires de Philippe Lacoste,  p. 116-117.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Archives de l’Ontario, Collection Charles MacNamara.
Légende : Cambuse typique qui existe jusqu’au début du 20e siècle. Celle-ci, située au lac Travers, dans le secteur de la rivière Noire, est fort bien décrite par Charles MacNamara. Voir : Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 199.

PHOTO No 2
Source : Archives de l’Ontario, Collection Charles MacNamara.
Légende : Foyer central de la cambuse qui sert de cuisine. Une crémaillère pivotante permet de déplacer les lourds chaudrons au-dessus du feu, tandis que le sable brûlant et les tisons recouvrent des chaudrons de fonte dans lesquels cuisent lentement les fèves au lard, la viande, les cipailles et les tartes.

PHOTO No 3
Source : Bibliothèque et Archives Canada, C-48663.
Légende : Illustration de l’intérieur typique d’une cambuse avec son foyer central et sa rangée de lits superposés

PHOTO No 4
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 217.
Légende : Portrait idéalisé du cuisinier d’une cambuse vers 1870

PHOTO No 5
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, page opposée à la page 209. Il s’agit d’un dessin de F.B. Schell et J. Hogan; le graveur est H. Woolf.
Légende : Le bâtiment de cette cambuse est en deux sections, ce qui le distingue du modèle le plus répandu en raison de sa cheminée décentrée. L’illustration est riche de renseignements sur ce mode de vie : un traîneau qui arrive au chantier, des raquettes de marche, des cordes à linge, une meule pour aiguiser les haches, un homme qui fend du bois de chauffage, etc.

PHOTO No 6
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 217.
Légende : Portrait idéalisé d’un vétéran du travail en forêt à l’époque du bois « carré », vers 1870

PHOTO No 7
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 219..
Légende : Illustration représentant l’arrivée à la cambuse d’un traîneau rempli de ravitaillements

PHOTO No 8
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, vol. 1, p. 223.
Légende : Célébration d’une messe à la cambuse, vers 1880

PHOTO No 9
Source : Bibliothèque et Archives Canada, PA-8394.
Légende : Par son manque d’ameublement, ses lits superposés et la meule pour affûter les haches installée au centre de la pièce, ce camp rappelle les anciennes cambuses. La présence d’un poêle pour chauffer l’intérieur du chantier et pour cuire la nourriture et d’un plancher fait de planches le rattache, par contre, aux campements du 20e siècle.

PHOTO No 10
Source : Charles P. DeVolpi, Ottawa. A Pictorial Record / Recueil Iconographique, 1807-1882, Montréal, DevSco Publications, 1964, planche No 54, croquis de G.H. Andrews publié dans The Illustrated London News, 7 février 1863.
Légende : Il s’agit d’un train de bois amarré sur le fleuve Saint-Laurent. En avant-plan se trouvent un canot et la cage sur laquelle est installée la cuisine flottante ou « cambuse ».