Localisation : Lac Ignace
Thème : De la souche au moulin
Année : vers 1910
Capsule(s) reliée(s) :

1867-1960 - De la souche au moulin
Capsule
C1
Les chantiers forestiers

Arrivée d’un convoi de traîneaux chargé d’approvisionnements au dépôt Ignace de la compagnie Gilmour et Hughson dans la Haute-Gatineau, vers 1910.
Arrivée d’un convoi de traîneaux chargé d’approvisionnements au dépôt Ignace de la compagnie Gilmour et Hughson dans la Haute-Gatineau, vers 1910.
Départ des bûcherons pour leur journée de travail en forêt, vers 1940. Certains d’entre eux portent leur sciotte en bandoulière. Après la hache, cette dernière est l’outil favori des bûcherons semble-t-il!
Départ des bûcherons pour leur journée de travail en forêt, vers 1940. Certains d’entre eux portent leur sciotte en bandoulière. Après la hache, cette dernière est l’outil favori des bûcherons semble-t-il!
Le camp no 5 de la Cie E.B. Eddy, à quelque part, dans le haut de l’Outaouais, vers 1932. Les hommes sont fiers de leurs chevaux, ces indispensables outils de travail. L’utile fusil de chasse peut, si l’occasion se présente, permettre d’abattre un chevreuil trop curieux : de quoi varier le menu trop monotone du chantier! Parmi les bûcherons, quelques regards d’enfants.
Le camp no 5 de la Cie E.B. Eddy, à quelque part, dans le haut de l’Outaouais, vers 1932. Les hommes sont fiers de leurs chevaux, ces indispensables outils de travail. L’utile fusil de chasse peut, si l’occasion se présente, permettre d’abattre un chevreuil trop curieux : de quoi varier le menu trop monotone du chantier! Parmi les bûcherons, quelques regards d’enfants.
Un chantier forestier du haut de la rivière Blanche, au nord de Thurso, vers 1940. Quelle extraordinaire collection de chapeaux! Les petits plaisirs de la vie : une bonne pipée et un verre de gros gin.
Un chantier forestier du haut de la rivière Blanche, au nord de Thurso, vers 1940. Quelle extraordinaire collection de chapeaux! Les petits plaisirs de la vie : une bonne pipée et un verre de gros gin.
Un chantier forestier de la compagnie McFadden dans le nord ontarien, près de Blind River, vers 1920. Un des gars de Hull s’y trouve, entouré de ses copains fiers d’exhiber les tourne-billes ou « peavey » dont ils se servent pour rouler les billots, tandis que les cuisiniers, qui alimentent cette armée de travailleurs, étalent leurs outils de travail. D’autres préfèrent serrer dans leurs bras leur animal de compagnie!
Un chantier forestier de la compagnie McFadden dans le nord ontarien, près de Blind River, vers 1920. Un des gars de Hull s’y trouve, entouré de ses copains fiers d’exhiber les tourne-billes ou « peavey » dont ils se servent pour rouler les billots, tandis que les cuisiniers, qui alimentent cette armée de travailleurs, étalent leurs outils de travail. D’autres préfèrent serrer dans leurs bras leur animal de compagnie!
Un chantier forestier de la rivière du Lièvre. Les hommes sont contents de montrer leur outil de travail favori. Les « cook », vêtus de leur tablier blanc, et l’accordéoniste sont conscients de leur importance pour le maintien du moral des gars du chantier.
Un chantier forestier de la rivière du Lièvre. Les hommes sont contents de montrer leur outil de travail favori. Les « cook », vêtus de leur tablier blanc, et l’accordéoniste sont conscients de leur importance pour le maintien du moral des gars du chantier.
Le dépôt de Pukaskwa, sur la rive nord du lac Supérieur, en Ontario, vers 1920. C’est dans cette région que de nombreux « jobbers » de l’Outaouais sont venus travailler dans les années 1920 : Bill Kelly, fils et Léon Raby de la région de Buckingham tout comme Eugène Bisson et Alfred Lafleur sont de ce nombre. Philippe Lacoste y construit un chantier pour Eugène Bisson en 1923.
Le dépôt de Pukaskwa, sur la rive nord du lac Supérieur, en Ontario, vers 1920. C’est dans cette région que de nombreux « jobbers » de l’Outaouais sont venus travailler dans les années 1920 : Bill Kelly, fils et Léon Raby de la région de Buckingham tout comme Eugène Bisson et Alfred Lafleur sont de ce nombre. Philippe Lacoste y construit un chantier pour Eugène Bisson en 1923.
« La Vanne », ce magasin typique d’un campement de bûcherons dans lequel sont entreposés les vêtements, le savon, le tabac et les autres commodités que les bûcherons achètent pendant leur séjour au chantier, le tout déduit de leur paye. Le mot « vanne » est tiré, dit-on, de l’amérindien « wangan » qui signifie « contenant ».
« La Vanne », ce magasin typique d’un campement de bûcherons dans lequel sont entreposés les vêtements, le savon, le tabac et les autres commodités que les bûcherons achètent pendant leur séjour au chantier, le tout déduit de leur paye. Le mot « vanne » est tiré, dit-on, de l’amérindien « wangan » qui signifie « contenant ».
Le chantier no 5 de la compagnie Eddy, dans le bassin de l’Outaouais, vers 1932. Les charretiers nourrissent leurs chevaux avant de les atteler pour une longue journée de travail.
Le chantier no 5 de la compagnie Eddy, dans le bassin de l’Outaouais, vers 1932. Les charretiers nourrissent leurs chevaux avant de les atteler pour une longue journée de travail.
Affilage d’un « godendard » ou passe-partout, en Colombie-Britannique, en 1919
Affilage d’un « godendard » ou passe-partout, en Colombie-Britannique, en 1919
Affûtage d’une hache, dans un chantier ontarien, en 1917
Affûtage d’une hache, dans un chantier ontarien, en 1917
L’intérieur d’un chantier forestier de l’Outaouais supérieur vers 1906. Tous les bûcherons se sont entassés en rangs d’oignons pour la photographie de groupe. On sourit à la caméra pour la postérité, c’est-à-dire pour les arrière-arrière-petits-enfants.
L’intérieur d’un chantier forestier de l’Outaouais supérieur vers 1906. Tous les bûcherons se sont entassés en rangs d’oignons pour la photographie de groupe. On sourit à la caméra pour la postérité, c’est-à-dire pour les arrière-arrière-petits-enfants.
Quelques bûcherons sourient et se reposent en prenant une bonne pipée à l’intérieur d’un chantier du haut de l’Outaouais, vers 1906. L’odeur du bon tabac « canayen » neutralise un tout petit peu celle des mitaines et des bas qui sèchent et des sueurs accumulées de tous ces hommes! La nuit s’en vient et les poux de corps vont peut-être s’acharner à les garder éveillés malgré la fatigue et les courbatures de la journée. Et le réveil est fixé au point du jour!
Quelques bûcherons sourient et se reposent en prenant une bonne pipée à l’intérieur d’un chantier du haut de l’Outaouais, vers 1906. L’odeur du bon tabac « canayen » neutralise un tout petit peu celle des mitaines et des bas qui sèchent et des sueurs accumulées de tous ces hommes! La nuit s’en vient et les poux de corps vont peut-être s’acharner à les garder éveillés malgré la fatigue et les courbatures de la journée. Et le réveil est fixé au point du jour!

Les chantiers forestiers du 20e siècle offrent des conditions d’existence généralement bien supérieures à celles de la fameuse cambuse du 19e siècle. Les chantiers gérés directement par les grandes firmes offrent une nette amélioration au plan des conditions de travail (salaires, nourriture, salubrité et hygiène) tandis que les petits entrepreneurs, les « jobbers », imposent trop souvent des conditions de vie qui sont même inférieures à celles vécues dans les anciennes cambuses. J. Edgar Boyle est catégorique à cet égard : « Company camps were quite primitive, but compared with the small jobbers’ camp, they were luxurious1! » Un bon exemple d’un camp de « jobber » est donné par Philippe Lacoste qui travaille pour son ami Eugène Bisson, un « jobber » qui a accepté un contrat de coupe de bois à Pukakswa, sur la rive nord du lac Supérieur. Lacoste quitte la Petite-Nation pour s’exiler avec sa femme dans la forêt ontarienne. C’est lui qui est chargé de la construction du chantier d’Eugène. Voici comment il s’y prend :

… je fis abattre deux liards [peupliers] d’une trentaine de pieds de long que je fis placer côte-à-côte, un bout à terre et l’autre bout… sur une grosse roche. À terre, [de travers, sur les deux peupliers] je fis placer des billots qui étaient restés dans la rivière au printemps. L’on bâtit deux camps, [dont] un séparé en trois : un bout pour la résidence de la famille Eugène Bisson, le milieu pour la cuisine et l’autre bout pour la résidence de la famille Joseph Lalonde. L’autre camp [est] séparé en deux : un bout pour les hommes, avec un rang de lits superposés sur un côté et [sur] l’autre côté un lavabo et une fenêtre; une pièce de bois « facée » des deux côtés, [placée] du côté des lits pour siège, les planchers en bois rond tillés à l’herminette et les lits en petits bois rond [tout comme] les couvertures en petits bois rond recouverts de papier[goudronné]. On avait de la planche pour les portes.  L’autre bout du camp était pour le bureau et pour les outils… On bâtit une écurie pour les chevaux et la vache et une remise et « dépence » pour les provisions2

Voyons maintenant à quoi ressemble le chantier forestier d’une grande compagnie forestière. La plupart des descriptions de ces chantiers se rejoignent. Selon le nombre d’employés, le chantier comprend de six à dix bâtiments. Le plus important est sans contredit le dortoir principal, construit sur un seul étage et capable de coucher une centaine d’hommes. L’intérieur est ouvert et des lits à deux étages sont alignés, sans cloisons, sur les deux côtés de la baraque. Une salle de lavage, située à une des extrémités du dortoir, sert au lavage des couvertures et des vêtements des hommes. Chacun est chargé de son propre lavage, et la corvée ne se fait que le dimanche. Un des bâtiments regroupe la cuisine, le réfectoire et un caveau pour la conservation des légumes et de la viande. C’est le domaine exclusif du cuisinier, de son adjoint et de quelques garçons de peine qui sont à la fois porteurs d’eau (remontée en chaudières du ruisseau voisin), balayeurs, nettoyeurs, etc.  L’intérieur doit être irréprochable sur le plan de l’hygiène. On y trouve également un entrepôt, une grange, une forge et un bureau. C’est dans le bureau que sont conservés les registres de paye et les relevés d’abattage de chacun des bûcherons. C’est là que se trouve aussi le magasin de la compagnie où les hommes se procurent du tabac à fumer et à chiquer, de la gomme, du chocolat, des médicaments et toute autre marchandise de la « vanne ». Le bureau sert également de dortoir pour le contremaître, le commis, les mesureurs et les invités spéciaux, dont les agents et inspecteurs du gouvernement3. Edgar Porter, décrit mieux que tout autre la composition du personnel qui œuvre dans un tel chantier :

… le personnel d’un camp comprend un commis qui s’occupe de l’approvisionnement, de la tenue du temps des hommes, de la liste de paye, de la vente de la « vanne » aux ouvriers; des cuisiniers, soit un homme dans la cuisine par vingt hommes dans le camp; les layeurs (swampers), ouvriers qui marquent les arbres à couper dans les coupes sélectives et qui « plaquent » les chemins de charroyage et les nettoient du sous-bois dans les exploitations de bois à pâte; des bûcherons, un par 100 cordes à couper; des charretiers, un par 300 cordes; des draveurs, un par 400 cordes; des journaliers. Ce qui donne pour un camp de coupe moyen de 5 000 cordes, un personnel de 60 hommes; personnel qui tombe à environ 35 durant le charroyage et à 25 durant le flottage. Ces effectifs varient cependant avec la chance [de trouver] du bois, la longueur du charroyage et le cours d’eau sur lequel le bois est mis en jetées4.

L’aménagement de cette génération de camps de bûcherons tout comme la distribution du personnel sont caractéristiques des chantiers gérés par la plupart des grandes compagnies dans le premier tiers du vingtième siècle.

Allez plus loin sur le web!
Article de l’Encyclopédie canadienne au sujet de l’exploitation forestière :
Site Web

Court métrage documentaire, classique du cinéma direct de l’ONF, témoignant de la vie de 165 bûcherons isolés dans les forêts enneigées :
Site Web

Visitez :
La salle « La forêt exploitée » du Centre d’interprétation de l’historique de la protection des forêts contre le feu de Maniwaki. Vous découvrirez le mode de vie des valeureux travailleurs forestiers à l’époque où le cheval était le roi des chantiers.
Site Web

Références et définitions

1 J. E. Boyle, « My Life and Times in the Bush » dans Up the Gatineau, No 15 (1989), p. 7.

2 BAnQ-CAO, P20, 1979-03-001 / 1, Mémoires de Philippe Lacoste,  p. 161-162.

3 J. E. Boyle, op. cit., p. 7. Voir aussi : Edgar Porter, « L’exploitation forestière » dans Esdras Minville (Éd.), op. cit., p. 155.

4 Edgar Porter, « L’exploitation forestière » dans Esdras Minville (Éd.), op. cit., p. 154.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Musée canadien des Civilisations. Plaque de projection (« Lantern Slide ») Q.2.110.
Légende : Arrivée d’un convoi de traîneaux chargé d’approvisionnements au dépôt Ignace de la compagnie Gilmour et Hughson dans la Haute-Gatineau, vers 1910.

PHOTO No 2
Source : Musée canadien des Civilisations. Collection E.B. Eddy, no 73-543.
Légende : Départ des bûcherons pour leur journée de travail en forêt, vers 1940. Certains d’entre eux portent leur sciotte en bandoulière. Après la hache, cette dernière est l’outil favori des bûcherons semble-t-il!

PHOTO No 3
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Le camp no 5 de la Cie E.B. Eddy, à quelque part, dans le haut de l’Outaouais, vers 1932. Les hommes sont fiers de leurs chevaux, ces indispensables outils de travail. L’utile fusil de chasse peut, si l’occasion se présente, permettre d’abattre un chevreuil trop curieux : de quoi varier le menu trop monotone du chantier! Parmi les bûcherons, quelques regards d’enfants.

PHOTO No 4
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Un chantier forestier du haut de la rivière Blanche, au nord de Thurso, vers 1940. Quelle extraordinaire collection de chapeaux! Les petits plaisirs de la vie : une bonne pipée et un verre de gros gin.

PHOTO No 5
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Un chantier forestier de la compagnie McFadden dans le nord ontarien, près de Blind River, vers 1920. Un des gars de Hull s’y trouve, entouré de ses copains fiers d’exhiber les tourne-billes ou « peavey » dont ils se servent pour rouler les billots, tandis que les cuisiniers, qui alimentent cette armée de travailleurs, étalent leurs outils de travail. D’autres préfèrent serrer dans leurs bras leur animal de compagnie!

PHOTO No 6
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Un chantier forestier de la rivière du Lièvre. Les hommes sont contents de montrer leur outil de travail favori. Les « cook », vêtus de leur tablier blanc, et l’accordéoniste sont conscients de leur importance pour le maintien du moral des gars du chantier.

PHOTO No 7
Source : Collection Gordon Fletcher. Extrait de : Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 289.
Légende : Le dépôt de Pukaskwa, sur la rive nord du lac Supérieur, en Ontario, vers 1920. C’est dans cette région que de nombreux « jobbers » de l’Outaouais sont venus travailler dans les années 1920 : Bill Kelly, fils et Léon Raby de la région de Buckingham tout comme Eugène Bisson et Alfred Lafleur sont de ce nombre. Philippe Lacoste y construit un chantier pour Eugène Bisson en 1923.

PHOTO No 8
Source : Archives de la compagnie Abitibi. Extrait de : Donald MacKay, The Lumberjacks, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1978, p. 236.
Légende : « La Vanne », ce magasin typique d’un campement de bûcherons dans lequel sont entreposés les vêtements, le savon, le tabac et les autres commodités que les bûcherons achètent pendant leur séjour au chantier, le tout déduit de leur paye. Le mot « vanne » est tiré, dit-on, de l’amérindien « wangan » qui signifie « contenant ».

PHOTO No 9
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Le chantier no 5 de la compagnie Eddy, dans le bassin de l’Outaouais, vers 1932. Les charretiers nourrissent leurs chevaux avant de les atteler pour une longue journée de travail.

PHOTO No 10
Source : Bibliothèque et Archives Canada, C-56694.
Légende : Affilage d’un « godendard » ou passe-partout, en Colombie-Britannique, en 1919

PHOTO No 11
Source : Bibliothèque et Archives Canada, PA-61805.
Légende : Affûtage d’une hache, dans un chantier ontarien, en 1917

PHOTO No 12
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Série Travaux publics du Canada. Photographe inconnu.
Légende : L’intérieur d’un chantier forestier de l’Outaouais supérieur vers 1906. Tous les bûcherons se sont entassés en rangs d’oignons pour la photographie de groupe. On sourit à la caméra pour la postérité, c’est-à-dire pour les arrière-arrière-petits-enfants.

PHOTO No 13
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Série Travaux publics du Canada. Photographe inconnu.
Légende : Quelques bûcherons sourient et se reposent en prenant une bonne pipée à l’intérieur d’un chantier du haut de l’Outaouais, vers 1906. L’odeur du bon tabac « canayen » neutralise un tout petit peu celle des mitaines et des bas qui sèchent et des sueurs accumulées de tous ces hommes! La nuit s’en vient et les poux de corps vont peut-être s’acharner à les garder éveillés malgré la fatigue et les courbatures de la journée. Et le réveil est fixé au point du jour!