Localisation : Île Philemon,, secteur de Hull, Ville de Gatineau
Thème : Quelques produits dérivés des sciages
Année : vers 1905
Capsule(s) reliée(s) :

1867-1960 - Quelques produits dérivés des sciages
Capsule
C17
Tout pour la lessive!

Jeune femme de la famille Broadhead effectuant un lavage à la main vers 1905. À noter : les cuves en fibres durcies, la planche à laver et le tordeur manuel. En arrière-plan, une corde à linge vraisemblablement montée avec des épingles de chez Eddy. Cette mise en scène n’est peut-être pas étrangère au fait que trois des Broadhead sont alors à l’emploi de la compagnie E.B. Eddy.
Jeune femme de la famille Broadhead effectuant un lavage à la main vers 1905. À noter : les cuves en fibres durcies, la planche à laver et le tordeur manuel. En arrière-plan, une corde à linge vraisemblablement montée avec des épingles de chez Eddy. Cette mise en scène n’est peut-être pas étrangère au fait que trois des Broadhead sont alors à l’emploi de la compagnie E.B. Eddy.
Affiche publicitaire de la compagnie E.B. Eddy, antérieure au Grand Feu de 1900.
Affiche publicitaire de la compagnie E.B. Eddy, antérieure au Grand Feu de 1900.
Entrée de la scierie Eddy, près de l’intersection du chemin d’Aylmer (boulevard Taché) et de la rue du Pont (rue Eddy), avant le Grand Feu de 1900. À noter : sur le mur du bâtiment voisin, les inscriptions « Washboard » et « Indurated Fibreware ». C’est là qu’on fabriquait les planches à laver et les récipients en fibres durcies.
Entrée de la scierie Eddy, près de l’intersection du chemin d’Aylmer (boulevard Taché) et de la rue du Pont (rue Eddy), avant le Grand Feu de 1900. À noter : sur le mur du bâtiment voisin, les inscriptions « Washboard » et « Indurated Fibreware ». C’est là qu’on fabriquait les planches à laver et les récipients en fibres durcies.
Magasin d’E.B. Eddy sur le site actuel des « Terrasses de la Chaudière », vers 1875
Magasin d’E.B. Eddy sur le site actuel des « Terrasses de la Chaudière », vers 1875
Le chariot de livraison d’Ezra Butler Eddy avec son attelage de quatre chevaux, en face du parc de la Commune, vers 1875. En arrière-plan, les bâtiments commerciaux en enfilade de la rue Principale et une des arches de l’église anglicane St. James. Cette église avait été reconstruite sur la rue Principale en 1866.
Le chariot de livraison d’Ezra Butler Eddy avec son attelage de quatre chevaux, en face du parc de la Commune, vers 1875. En arrière-plan, les bâtiments commerciaux en enfilade de la rue Principale et une des arches de l’église anglicane St. James. Cette église avait été reconstruite sur la rue Principale en 1866.
Cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy. La publicité de la compagnie s’attache à vanter les mérites de ses cuves pour la lessive, mais surtout pour le bain de bébé.
Cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy. La publicité de la compagnie s’attache à vanter les mérites de ses cuves pour la lessive, mais surtout pour le bain de bébé.
Liste des modèles de planches à laver et des récipients divers en fibres durcies offerts par la compagnie Eddy à sa clientèle.
Liste des modèles de planches à laver et des récipients divers en fibres durcies offerts par la compagnie Eddy à sa clientèle.
Planche à laver et cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy.
Planche à laver et cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy.
Annonce illustrant deux des plus gros vendeurs de la compagnie Eddy. La planche à laver « Twin Beaver » et la grande cuve, toutes deux fabriquées en fibres durcies.
Annonce illustrant deux des plus gros vendeurs de la compagnie Eddy. La planche à laver « Twin Beaver » et la grande cuve, toutes deux fabriquées en fibres durcies.
ue panoramique des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1890. Il s’agit de l’actuelle intersection du boulevard Tâché et de la rue Eddy, en face des « Terrasses de la Chaudière ».
ue panoramique des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1890. Il s’agit de l’actuelle intersection du boulevard Tâché et de la rue Eddy, en face des « Terrasses de la Chaudière ».
Ezra Butler Eddy vers 1886
Ezra Butler Eddy vers 1886

Le lavage du linge, c’est-à-dire la lessive, est une des tâches ménagères qui consomme le plus de temps dans la vie des gens, même de nos jours. Malgré l’accès à l’eau courante et aux machines automatiques, ces travaux fatiguent encore. Imaginez alors la place que prenait la lessive dans la vie quotidienne de la plupart des gens, il y a quatre-vingt ans à peine. À l’époque où une majorité de femmes restaient à la maison, le lundi était entièrement consacré à la lessive. C’était la journée du lavage! D’ailleurs, la femme qui réussissait à étendre son linge immaculé sur la corde à linge au cours de cette journée était considérée compétente et bien organisée!

L’établissement d’Ezra Butler Eddy à Hull en 1851, marque le début d’une brillante carrière pour cet Américain arrivé du Vermont avec quelques quarante dollars en poche seulement.  Cet homme génial fait fortune en répondant aux besoins quotidiens de la maisonnée et de la ménagère surtout. De là sa production d’allumettes, d’épingles à linge, de planches à laver, de seaux et de cuves en bois.  Il se sert des rebuts de bois rejetés par les grandes scieries des chutes Chaudières, pour produire ces objets de la vie courante.  En 1854, il s’installe à loyer aux chutes Chaudières, au premier étage d’un bâtiment d’Alonzo Wright, pour manufacturer sur une plus grande échelle ses allumettes et ses épingles à linge.  En dessous, au rez-de-chaussée, Sexton Washburn fabrique des haches1.

Ce n’est qu’en 1857 qu’Eddy se lance dans la confection de seaux et de cuves en bois.  Plus tard, en 1878, il achète les droits sur un procédé de fabrication de récipients en fibres durcies2.  Les seaux et les cuves de fibres durcies qu’il produit sont le résultat d’un procédé par lequel du bois est défibré mécaniquement pour donner une pâte.  Celle-ci est ensuite comprimée dans des moules soumis à des pressions s’échelonnant de 200 à 2 000 livres au pouce carré pour donner des récipients très légers et résistants3.  Cette production en fibres de bois durcies remplace éventuellement les sceaux, les cuves et même les planches à laver en bois4.  C’est la fibre « durcie » qui prend la relève, même pour les planches à laver.  La publicité de la compagnie Eddy vante entre autres les mérites de sa « Twin Beaver Washboard » qui offre deux surfaces extrêmement résistantes à l’usure, faîtes de fibres durcies, pour le prix d’une seule planche à laver ordinaire.  Il n’y a plus que le cadre de la planche à laver qui soit de bois.  Quoi qu’il en soit, une invention en attire une autre, et les récipients en fibre durcie n’étant plus en demande, la compagnie Eddy en abandonne la production vers 19225.  C’est vers la même époque d’ailleurs qu’elle met fin à toutes ses opérations de sciage, le pin n’étant plus disponible sur ses concessions forestières.  La firme se consacre alors de manière presqu’exclusive au secteur des pâtes et papiers.

À ses débuts, Eddy s’occupe personnellement de la vente et de la distribution de sa production.  Il passe de hameaux en villages pour écouler sa marchandise.  Il conduit lui-même son seul et unique attelage, attelé à un chariot identifié à son nom.  Peu à peu cependant, il accumule un capital.  En 1866, après des années de travail acharné, de patience et d’économies, il est en mesure d’acheter un terrain et de faire construire sa première scierie, approvisionnée en bois par ses propres concessions forestières.  En 1870, ses affaires vont si bien qu’il achète l’île Philemon de la Succession Wright.  Il était passé dans les ligues majeures6!

En 1871, Ezra Butler Eddy est un des plus grands entrepreneurs forestiers des chutes Chaudières.  Les 243 scies de ses quatre scieries débitent environ 40 millions de pieds de planche de pin, l’équivalent de 200 000 billes annuellement.  Il produit 600 000 sceaux en bois, 45 000 cuves à laver et 72 000 planches à laver recouvertes de zinc.  À cette production déjà phénoménale s’ajoute la confection de portes, de fenêtres et de moulures de toutes dimensions7.  Toujours sensible aux besoins du marché et ouvert comme nul autre aux progrès technologiques, Eddy est le premier entrepreneur des Chaudières à se lancer dans la fabrication de pâte chimique au bisulfite et l’un des premiers à éclairer ses usines à l’électricité et à faire usage de camions à essence pour effectuer le transport de sa production.

La croissance de Hull est intimement liée à la carrière de cet homme hors du commun.  Député conservateur à l’Assemblée législative pour le comté d’Ottawa de 1871 à 1875, il appuie le projet d’incorporation de la « Cité de Hull » qui voit le jour en 1875.  Ezra Butler Eddy se mêle de politique municipale également, au niveau du canton, mais à la « Cité » surtout, où il siège comme échevin, de 1878 à 1888, en 1891 et en 1892, et comme maire, de 1881 à 1884, en 1887 et en 18918.

Son sens inné des affaires et sa capacité de cerner des besoins comme ceux des femmes dans le domaine de la lessive, permettent à Eddy de bâtir son empire industriel.  C’est grâce à cette production, répondant au besoin de laver plus propre que propre, qu’il a fait fortune.  Qui, en dehors de lui, aurait pu imaginer bâtir un empire industriel en fabricant des épingles à linge, des planches à laver, des sceaux et des cuves à laver?  Qui osera se moquer maintenant d’un « nerd » qui aime la propreté?  Un jour, celui-ci sera peut-être le patron d’une multinationale comme « Qualinet »!

Références et définitions

1 Léo Rossignol, Histoire documentaire de Hull, 1792-1900, Ottawa, thèse de doctorat de l’Université d’Ottawa, 1941, pages 197-200.

2 Il s’agit des droits liés à l’usage d’une presse hydraulique permettant la fabrication de chaudières faites de pâte « ordinaire », droits obtenus de la « Ives & Hubbard Pail Company ». Voir : Bibliothèque et Archives Canada, Department of Agriculture, Patent Branch, (R 9271-2-7, anc. RG 105),dossier no 19883, 25 février 1878.

3 Léo Rossignol, Op. cit, page 199.  Every Week with the E.B. Eddy Company of Hull Canada, Story for Week Dated July 25, 1919, Being No. 44 in the Series.  On y décrit avec force détails chacune des étapes de la fabrication, de la préparation du mélange de pâte mécanique jusqu’à la pose et le séchage de chacune des couches de vernis dont sont enduits les récipients et les objets faits de fibres durcies.

4 Every Week with the E.B. Eddy Company of Hull Canada, Story for Week Dated August 1, 1919, Being No. 45 in the Series.

5 V.M. Drury, Address given by Mr. V.M. Drury, President of the E.B. Eddy Company Limited, During the Sales Convention Held in Hull, January 20th to 22nd Inclusive, 1936, page 6.

6 Léo Rossignol, Op. cit, pages 197-198.

7 John Little, The Lumber Trade of the Ottawa Valley, With a Description of Some of the Principle Manufacturing Establishments, Ottawa, The Times Printing and Publishing Company, 1871, pages 36 et 39.

8 Assemblée nationale du Québec, Répertoire des parlementaires québécois, 1867-1978, Québec, Assemblée nationale du Québec, 1980, page 199.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe : George Wilfred Broadhead.
Légende : Jeune femme de la famille Broadhead effectuant un lavage à la main vers 1905. À noter : les cuves en fibres durcies, la planche à laver et le tordeur manuel. En arrière-plan, une corde à linge vraisemblablement montée avec des épingles de chez Eddy. Cette mise en scène n’est peut-être pas étrangère au fait que trois des Broadhead sont alors à l’emploi de la compagnie E.B. Eddy.

PHOTO No 2
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Affiche publicitaire de la compagnie E.B. Eddy, antérieure au Grand Feu de 1900.

PHOTO No 3
Source : Bibliothèque et Archives Canada, PA 182005.
Légende : Entrée de la scierie Eddy, près de l’intersection du chemin d’Aylmer (boulevard Taché) et de la rue du Pont (rue Eddy), avant le Grand Feu de 1900. À noter : sur le mur du bâtiment voisin, les inscriptions « Washboard » et « Indurated Fibreware ». C’est là qu’on fabriquait les planches à laver et les récipients en fibres durcies.

PHOTO No 4
Source : Bibliothèque et Archives Canada, PA 12509.
Légende : Magasin d’E.B. Eddy sur le site actuel des « Terrasses de la Chaudière », vers 1875

PHOTO No 5
Source : Bibliothèque et Archives Canada. Photographe : William James Topley.
Légende : Le chariot de livraison d’Ezra Butler Eddy avec son attelage de quatre chevaux, en face du parc de la Commune, vers 1875. En arrière-plan, les bâtiments commerciaux en enfilade de la rue Principale et une des arches de l’église anglicane St. James. Cette église avait été reconstruite sur la rue Principale en 1866.

PHOTO No 6
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy. La publicité de la compagnie s’attache à vanter les mérites de ses cuves pour la lessive, mais surtout pour le bain de bébé.

PHOTO No 7
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Extrait de : Every Week with the E.B. Eddy Company of Hull Canada, Story for Week Dated January 24, 1919, Being no 18 in the Series.
Légende : Liste des modèles de planches à laver et des récipients divers en fibres durcies offerts par la compagnie Eddy à sa clientèle.

PHOTO No 8
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Planche à laver et cuve en fibres durcies de la compagnie E.B. Eddy.

PHOTO No 9
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Extrait de : Every Week with the E.B. Eddy Company of Hull Canada, Story for Week Dated July 18, 1919, Being no 43 in the Series.
Légende : Annonce illustrant deux des plus gros vendeurs de la compagnie Eddy. La planche à laver « Twin Beaver » et la grande cuve, toutes deux fabriquées en fibres durcies.

PHOTO No 10
Source : Bibliothèque et Archives Canada, C 6629.
Légende : Vue panoramique des usines de la compagnie E.B. Eddy vers 1890. Il s’agit de l’actuelle intersection du boulevard Tâché et de la rue Eddy, en face des « Terrasses de la Chaudière ».

PHOTO No 11
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Ezra Butler Eddy vers 1886