Localisation : Rivière Noire, Pontiac
Thème : De la souche au moulin
Année : 1900
Capsule(s) reliée(s) :

1867-1960 - De la souche au moulin
Capsule
C2
Une journée typique dans un chantier

Bûcherons abattant un arbre, sur la rivière Noire, dans le Pontiac, en novembre 1900
Bûcherons abattant un arbre, sur la rivière Noire, dans le Pontiac, en novembre 1900
Chargement de bois à faire pâlir de jalousie les autres équipes de charretiers, presque tous forts et téméraires. Photo remontant au début du 20e siècle.
Chargement de bois à faire pâlir de jalousie les autres équipes de charretiers, presque tous forts et téméraires. Photo remontant au début du 20e siècle.
Scènes d’abattage et de tronçonnage d’arbres en forêt, vers 1878
Scènes d’abattage et de tronçonnage d’arbres en forêt, vers 1878
Abattage d’un arbre avec une scie de type « godendard » ou « passe-partout », vers 1939
Abattage d’un arbre avec une scie de type « godendard » ou « passe-partout », vers 1939
Remorquage et roulage de billots par des bûcherons, vers 1880
Remorquage et roulage de billots par des bûcherons, vers 1880
Transport de plançons ou pièces de bois « carré » vers 1895
Transport de plançons ou pièces de bois « carré » vers 1895
Transport de billes dans un chantier de l’Outaouais supérieur, vers 1871
Transport de billes dans un chantier de l’Outaouais supérieur, vers 1871
Deux travailleurs dans un chantier forestier de la « Blind », c’est-à-dire de Blind River, dans le nord ontarien, vers 1910. L’un est armé de sa hache d’abattage et l’autre, de sa pipe et d’un godendard. Il s’agit vraisemblablement de deux des fils de Richard McGregor.
Deux travailleurs dans un chantier forestier de la « Blind », c’est-à-dire de Blind River, dans le nord ontarien, vers 1910. L’un est armé de sa hache d’abattage et l’autre, de sa pipe et d’un godendard. Il s’agit vraisemblablement de deux des fils de Richard McGregor.
Le tourne-billes ou « cant-hook » est l’outil indispensable lorsqu’il s’agit de rouler d’énormes billots. Armés de cet outil, ces deux jeunes « rouleux » rêvent de la drave, debout sur des billes qui ont été déposées sur la glace d’un lac par des charretiers et qui n’attendent que la débâcle pour partir à la dérive.
Le tourne-billes ou « cant-hook » est l’outil indispensable lorsqu’il s’agit de rouler d’énormes billots. Armés de cet outil, ces deux jeunes « rouleux » rêvent de la drave, debout sur des billes qui ont été déposées sur la glace d’un lac par des charretiers et qui n’attendent que la débâcle pour partir à la dérive.
Cet empilage de billes porte le nom de « roule », de « pile de bois » ou de « jetée » (« skidway » ou « rollway » en anglais).
Cet empilage de billes porte le nom de « roule », de « pile de bois » ou de « jetée » (« skidway » ou « rollway » en anglais).
Un autre mode de transport du bois dans la région du lac La Blanche, vers 1940. On remorque ces trains de lourds traîneaux avec des remorqueurs à chenilles.
Un autre mode de transport du bois dans la région du lac La Blanche, vers 1940. On remorque ces trains de lourds traîneaux avec des remorqueurs à chenilles.

Dès quatre heures du matin, le cuisinier, ses aides ainsi que les charretiers1 chargés du transport du bois sont les premiers à s’éveiller. Les charretiers doivent nourrir et atteler les chevaux, de même que dégeler les traîneaux dont les patins sont généralement pris dans la glace depuis la veille au soir. Puis, c’est au tour des bûcherons qui, dès cinq heures, doivent se préparer et se mettre à table pour déjeuner. À ce moment, ils n’ont ni le temps, ni le goût de se laver, l’eau dont ils disposent étant littéralement glacée2.

Au cœur de l’hiver, le soleil se lève aux environs de sept heures et se couche vers seize heures. Il faut donc profiter de chaque minute de clarté pour travailler. Les bûcherons se rendent à pied jusqu’au parterre de coupe, situé à moins de cinq kilomètres du camp3. Deux équipes de deux ou trois bûcherons travaillent à proximité l’une de l’autre et utilisent chacune leur tour un charretier qui, avec son attelage de deux chevaux, transporte le bois jusqu’au lac (ou la rivière) le plus proche (image). Vers midi, les hommes s’arrêtent pour manger, généralement à l’abri du vent, derrière un empilement de billots.  On allume un feu pour faire bouillir le thé, réchauffer les fèves au lard, rôtir de grosses tranches de pain et quelques grillades de lard salé4.

Que l’on coupe du bois équarri ou des billes servant à alimenter l’industrie des pâtes et papiers, la matière ligneuse doit nécessairement être transportée jusqu’au cours d’eau ou au lac le plus rapproché. Et puisque la taille des arbres qui sont récoltés varie énormément, les techniques de transport utilisées varient en conséquence. Les pièces de bois de grande dimension sont souvent traînées séparément jusqu’aux rives du lac ou de la rivière. De puissants attelages de bœufs ou de chevaux sont parfois utilisés pour y arriver (image). Pour le bois servant à l’industrie du sciage ou celle de pâtes et papiers, le transport se fait surtout en traîneau (« sleigh »), de janvier à  mars. Il est empilé le long des berges des cours d’eau ou directement sur la surface gelée des rivières et des lacs5.

Le retour au camp se fait avant la noirceur, le souper étant servi à dix-huit heures. Le repas est suivi d’un repos bien mérité et d’une bonne pipée6 :

« À la période agitée du souper succédaient les instants sacrés et tranquilles de la bonne pipe du soir. Puis, on tournait la meule, on fabriquait des leviers et des manches de hache; bref on s’occupait des outils de travail. Autour du foyer qui pétillait, des perches accrochées au toit supportaient les mitaines, les vêtements, les bas, les chaussons, les bottes. Toutes ces choses fumaient et répandaient dans la cambuse une forte odeur7. »

Ce que nous devons retenir de cette description c’est que ces gars de chantier d’autrefois avaient la « couenne dure »! La vie était rude et le travail était exigeant, mais ces derniers trouvaient le temps de se reposer et de goûter à ces rares moments de paix et de sérénité qui rendent la vie supportable, voire agréable!

Allez plus loin sur le web!
Article de l’Encyclopédie canadienne au sujet de l’exploitation forestière :
Site Web

Court métrage documentaire, classique du cinéma direct de l’ONF, témoignant de la vie de 165 bûcherons isolés dans les forêts enneigées :
Site Web

Visitez :
La salle « La forêt exploitée » du Centre d’interprétation de l’historique de la protection des forêts contre le feu de Maniwaki. Vous découvrirez le mode de vie des valeureux travailleurs forestiers à l’époque où le cheval était roi.
Site Web

Références et définitions

1 Employés chargés d’effectuer le transport du bois à l’aide d’attelages de chevaux ou de bœufs.

2 John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, Hurling Down the Pine, Chelsea, The Historical Society of the Gatineau, 1987, p. 84; J. E. Boyle, « My Life and Times in the Bush » dans Up the Gatineau, No 15 (1989), p. 10-11.

3 John W. Hughson et Courtney C. J. Bond, op. cit., p. 83 et 84.

4 J. E. Boyle, op. cit., p. 7-8.

5 Esdras Minville (Directeur), La Forêt, Montréal, Fides, 1944, p. 161-164.

6 Expression signifiant : fumée la pipe.

Sources et légendes des médias secondaires

PHOTO No 1
Source : Archives provinciales de l’Ontario, Collection Charles McNamara, p. 22.
Légende : Bûcherons abattant un arbre, sur la rivière Noire, dans le Pontiac, en novembre 1900

PHOTO No 2
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Chargement de bois à faire pâlir de jalousie les autres équipes de charretiers, presque tous forts et téméraires. Photo remontant au début du 20e siècle.

PHOTO No 3
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, volume 1, p. 221.
Légende : Scènes d’abattage et de tronçonnage d’arbres en forêt, vers 1878

PHOTO No 4
Source : Archives de la Ville de Gatineau, P030-01_0006_p0003.
Légende : Abattage d’un arbre avec une scie de type « godendard » ou « passe-partout », vers 1939

PHOTO No 5
Source : George Munro Grant, Picturesque Canada; The Country as it Was and Is, Toronto, Belden Brothers, 1882, volume 1, p. 219.
Légende : Remorquage et roulage de billots par des bûcherons, vers 1880

PHOTO No 6
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Transport de plançons ou pièces de bois « carré » vers 1895

PHOTO No 7
Source : Archives photographiques Notman, Musée McCord.
Légende : Transport de billes dans un chantier de l’Outaouais supérieur, vers 1871

PHOTO No 8
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Deux travailleurs dans un chantier forestier de la « Blind », c’est-à-dire de Blind River, dans le nord ontarien, vers 1910. L’un est armé de sa hache d’abattage et l’autre, de sa pipe et d’un godendard. Il s’agit vraisemblablement de deux des fils de Richard McGregor.

PHOTO No 9
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Le tourne-billes ou « cant-hook » est l’outil indispensable lorsqu’il s’agit de rouler d’énormes billots. Armés de cet outil, ces deux jeunes « rouleux » rêvent de la drave, debout sur des billes qui ont été déposées sur la glace d’un lac par des charretiers et qui n’attendent que la débâcle pour partir à la dérive.

PHOTO No 10
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Cet empilage de billes porte le nom de « roule », de « pile de bois » ou de « jetée » (« skidway » ou « rollway » en anglais).

PHOTO No 11
Source : Collection Pierre Louis Lapointe. Photographe inconnu.
Légende : Un autre mode de transport du bois dans la région du lac La Blanche, vers 1940. On remorque ces trains de lourds traîneaux avec des remorqueurs à chenilles.